Maritime - Perspectives de la Marine française après le vote de la loi de programme - Les grandes marines occidentales au début de 1965 - Les transports mondiaux et l'ébauche d'un renouveau dans la marine marchande française
L’approbation définitive le 16 décembre 1964 de la seconde loi de programme (1965 à 1970 inclus) nous permet de nous représenter avec une certaine exactitude l’avenir proche de notre marine. La flotte en service au 1er janvier de cette année atteignait 324 325 tonnes (301 940 en 1964), dont 238 875 tonnes de navires de combat, 17 880 de navires amphibies et 67 570 de navires auxiliaires ; si le tonnage des forces de combat et amphibies est demeuré pratiquement stable, celui de la flotte auxiliaire s’est gonflé de quelque 21 000 t, grâce à un petit nombre de constructions neuves et surtout à des achats au commerce pour le centre d’essais du Pacifique. La flotte en construction s’élevait, d’autre part, à 23 050 t de navires de combat (1), 5 800 de navires amphibies et 15 170 de navires auxiliaires, en tout 44 020 t. La seconde loi de programme ajoutera à ce tonnage environ 35 000 t de bâtiments de combat neufs (2 Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE], 2 sous-marins du type Daphné, 1 sous-marin à hautes performances dont on ne sait encore s’il aura un propulseur nucléaire, 5 corvettes anti-sous-marine [ASM], 1 dragueur océanique et 8 chasseurs de mines), compte non tenu naturellement ni des bâtiments à moderniser (sous-marins et escorteurs), ni des bâtiments amphibies ou auxiliaires qui pourraient être construits hors programme et dont le nombre n’a pas été précisé.
La constitution de notre force sous-marine de dissuasion progresse au rythme prévu : le général Lavaud, Délégué général à l’armement (DGA), a confirmé au mois de janvier 1965 que notre premier SNLE entrerait en service en 1969 (les deux suivants devant être prêts en 1972 et 1973) ; l’usine basse de Pierrelatte a commencé à fonctionner, comme on l’attendait, à la fin de 1964 ; les essais d’endurance du réacteur prototype de Cadarache ont été si satisfaisants que M. Chevalier, chef du département de la propulsion nucléaire au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), a pu déclarer au mois de décembre qu’un sous-marin fictif pourvu de ce réacteur aurait pu accomplir entre le 19 octobre et le 19 décembre, à la vitesse moyenne de 20 nœuds, le périple Brest-cap de Bonne espérance-Tahiti-cap Horn-Brest, sans incidents de route.
Toutefois, l’avenir de nos forces navales à usage général prête peut-être à des observations plus décevantes, que ces forces soient sous-marines ou surtout de surface. Sans doute, la seconde loi de programme leur accorde une plus large place que la première (environ 20 000 t de constructions neuves, au lieu de 10 800), et l’on doit se féliciter en particulier de l’effort annoncé pour rénover nos flottilles de dragage qui commencent à se fatiguer. Cependant, si nous comparons la situation faite en France et dans les autres marines de l’Europe occidentale par les programmes récents, en cours d’exécution ou prévus, à deux catégories de bâtiments également indispensables, les croiseurs ou frégates lance-engins, les escorteurs, force est de constater que, vers 1972, nous n’aurons encore que deux unités de la première de ces catégories (les frégates Suffren et Duquesne), tandis que la Grande-Bretagne en possédera au moins 8, l’Italie 5 et les Pays-Bas 1 ; les escorteurs récents, c’est-à-dire postérieurs à 1963, seront au nombre d’une trentaine en Grande-Bretagne, de 6 en Italie, de 8 aux Pays-Bas, de 10 en Allemagne, de 5 seulement en France (les corvettes de la seconde loi de programme) (2).
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