Marine - Les États-Unis et l'océan Indien : d'escale Diego Garcia va devenir un point d'appui - Somalie : au sujet de Berbera - Danemark : constructions neuves et situation de la flotte
Les États-Unis et l’océan Indien : d’escale, Diego Garcia va devenir un point d’appui
L’atoll de Diego Garcia, situé à 30 nautiques dans le sud du banc des Chagos (07° 15’ Sud – 072° 25’ Est) est, comme on sait, une possession britannique qui a été concédée aux États-Unis. Ces derniers y ont aménagé, à partir de 1971, les éléments d’une escale comprenant pour l’essentiel : une station de télécommunications, une piste d’aviation de 2 400 m et un dépôt de combustibles liquides de 6 000 à 7 000 m3.
La presse américaine vient d’annoncer le vote par le Sénat des crédits nécessaires au renforcement de ces moyens pour faire de Diego Garcia un point d’appui de l’US Navy dans l’océan Indien, capable de soutenir l’action d’un porte-avions et de son escorte.
Le programme ainsi accepté sera réalisé dans un délai de deux ans. Il comporte :
– l’allongement à 3 600 m de la piste d’atterrissage et la construction d’une aire de stationnement et de hangars ;
– des travaux d’approfondissement de la passe et de certaines zones du lagon pour assurer une bonne sécurité des mouillages ;
– un considérable accroissement des stocks de combustibles liquides, portés à 60 000 m3 pour le combustible marine ;
– la construction d’un quai ou d’un wharf [NDLR 2024 : appontement] pour les mouvements de matériel et les ravitaillements ;
– la création d’un dépôt de munitions marine et aviation ;
– la construction de cantonnements pour 600 hommes.
Le développement de ce qu’on pourra dans deux ans appeler le point d’appui de Diego Garcia s’accompagnera évidemment de l’aménagement d’une base-vie et de l’implantation de moyens de défense et de surveillance.
Commentant ce projet, le président Ford a souligné que sa réalisation n’entraînerait pas l’accroissement du niveau des forces américaines déployées dans l’océan Indien. Rappelons à ce propos que les Américains n’y maintiennent en permanence qu’une petite force symbolique, la Mideastforce, basée à Bahreïn ; mais ils y envoient de temps à autre, et cela depuis la guerre du Kippour, une Task Force plus ou moins importante détachée de la VIIe Flotte du Pacifique.
Somalie : au sujet de Berbera
La grande presse et même les périodiques les plus sérieux ayant, il y a quelque temps, publié de nombreux articles sur la « base soviétique » de Berbera, articles pour une part toujours plus ou moins fantaisistes, sinon tendancieux, il nous a paru utile de faire le point sur cette affaire.
Le port de Berbera, en Somalie, est peu important (320 m de quai et possibilité d’embossage pour quelques bâtiments) et n’offre pas la moindre possibilité de réparation. Il est donc exclu qu’il puisse servir de base pour des sous-marins soviétiques bien que quelques-uns d’entre eux y aient fait relâche, comme d’ailleurs des navires de guerre de surface. En fait, n’y reste amarré en permanence depuis environ trois ans qu’un bâtiment-caserne.
Au point de vue transmissions, il existe à Berbera une station radio assurant sans doute la liaison entre Moscou et les forces navales plus ou moins importantes que l’URSS déploie dans l’océan Indien.
Il y a aussi un modeste dépôt de combustibles liquides. Ce dépôt est en cours d’agrandissement et il s’agit de toute évidence de combustible marine.
Pour ce qui concerne le stockage de missiles sur lequel on a tant glosé, il est certain qu’une installation qui peut répondre à ce but existe.
Après avoir parlé de missiles à très longue portée, les Américains, qui sont à la source de toutes les informations publiées, ne sont plus aussi sûrs et pensent que les divers ouvrages que l’on a observés et photographiés pourraient servir à la maintenance de missiles plus modestes (Styx par exemple, c’est-à-dire des missiles tactiques de courte portée).
Des visites de journalistes et de parlementaires américains, organisées par les Somaliens, n’ont pas permis d’explorer ce secteur interdit.
Pour ce qui concerne enfin les terrains d’aviation, il y a à Berbera un terrain ancien praticable aux hélicoptères et un nouveau dont le nivellement est très probablement achevé. Les photos obliques de ce dernier qui ont été prises par les Américains n’ont pas permis d’en déterminer avec précision la longueur ; ils l’estiment cependant à 4 400 m, ce qui en fait une piste importante.
En résumé, l’implantation des Soviétiques à Berbera est une réalité suffisamment inquiétante pour que l’on soit à la fois très attentif et très objectif. Mais il n’est pas exclu que tout le battage organisé par les Américains sur cette affaire ait en partie pour but de faire pression sur le Congrès en vue d’obtenir des fonds pour Diego Garcia.
Danemark : constructions neuves et situation de la flotte
Pour remplacer ses unités vieillissantes, la marine danoise a mis sur pied un programme de constructions neuves qui a été approuvé par le Parlement. Il prévoit la mise en service d’ici 1980 de :
– 3 corvettes anti-sous-marines (ASM) et antisurface de 1 300 à 1 500 tonnes destinées à remplacer 4 bâtiments de 900 t (classe Triton) construites en Italie et transférées en 1955 à la marine danoise au titre de l’aide américaine ;
– 12 patrouilleurs lance-missiles de 240 t destinés à remplacer les actuels lance-torpilles classes Flyvefisken et Falken ;
– 2 mouilleurs de mines côtiers de 570 t ;
– 1 bâtiment garde-pêche de 1 860 t, le Beskytteren.
Ce programme est en cours de réalisation, sauf pour les corvettes qui n’ont pas encore été commandées. Le garde-pêche entrera en service début 1976, les deux mouilleurs de mines en 1977-1978 et les deux premiers patrouilleurs cette année.
Le plan prévoit aussi la modernisation des unités en service, notamment l’installation de missiles antisurface sur les frégates de 2 700 t Peder Skram et Herlof Trolle, ainsi que l’installation de missiles antiaériens à courte portée sur ces deux bâtiments et les quatre mouilleurs de mines de la classe Falster (1 850 t).
Rappelons que la petite flotte danoise comprend :
– 6 sous-marins dont 2 de 370 t et 4 de 550 t ;
– les 2 frégates Peder Skram et Herlof Trolle ;
– 4 corvettes type Triton ;
– 4 autres de 1 650 t, type Hvidbjørnen ;
– 20 patrouilleurs ;
– 13 vedettes lance-torpilles :
– 5 mouilleurs de mines :
– 12 dragueurs.
Le tout représente 40 000 t environ.
La marine danoise ne possède pas d’aéronautique navale proprement dite, la défense aérienne du territoire et des eaux danoises est confiée à l’armée de l’air. Les missions de sauvetage aéromaritime sont confiées à une escadrille de l’air composée de 8 hélicoptères. La marine a cependant à sa disposition 8 hélicoptères Alouette III qui relèvent de l’armée de l’air mais sont armés par des marins. Ces hélicoptères sont soit basés à terre, soit embarqués sur les gardes-pêches type Hvidbjørnen, ce qui est leur affectation normale.
En temps de guerre, la quasi-totalité des forces navales danoises passerait sous autorité Otan, en l’occurrence COMBALTAP, un commandement interarmées dano-allemand directement subordonné à CINCNorth (Oslo). Le commandant en chef de COMBALTAP est toujours danois, son adjoint allemand et son chef d’état-major allemand. COMBALTAP a un subordonné, commandant opérationnel des forces navales dont le titre Otan est Flag Officer Danish Operationnul Forces (FODOF). La marine danoise participe à la STANAVFORLANT, cette force navale interalliée intégrée créée en Atlantique par décision Otan de décembre 1967.
En temps de paix, la marine danoise relève, depuis juin 1969, du commandant en chef de la défense assisté des chefs des trois armées. En fait, ces derniers ont perdu la plupart de leurs prérogatives et sont surtout chargés de la mise en condition des forces. Le commandant en chef de la défense actionne directement les forces de la marine par l’intermédiaire des commandants suivants :
– Commandement opérationnel des forces navales, le SOK (SøvaernetsOperative Kommando) qui devient le FODOF en temps de guerre ;
– Bases navales ;
– Districts navals ;
– Commandements des Féroé et du Groenland.
Entièrement concentrée jusqu’en 1960 à Copenhague, la marine danoise s’est par la suite dispersée dans trois bases construites avec les crédits de l’Otan : Frederikshavn sur le Kattegat et la côte Nord-Est du Jutland, Korsor dans l’Île de Seeland et Gronnedal. Copenhague est cependant toujours utilisée à cause de son arsenal important.
Les effectifs se montent à 6 000 hommes, dont 2 500 appelés. Les officiers de marine reçoivent leur première formation à l’École navale de Holmen où les cours durent quatre ans. D’autres, provenant du rang, peuvent entrer dans le cadre spécial mais ils ne dépassent pas le grade de capitaine de corvette. Les officiers mariniers se recrutent parmi les appelés et les engagés. Ils sont ensuite formés à l’École des « Sergents ». Les équipages sont constitués d’appelés et d’engagés. Les appelés font neuf mois de service. Les engagés signent un contrat de trois ou cinq ans. ♦






