La défaite de mai-juin 1940 reste le traumatisme majeur de notre histoire contemporaine et a laissé des traces encore visibles dans l’inconscient national. Même si les acteurs principaux ont disparu depuis plusieurs décennies, le débat historique mais aussi politique se poursuit sur la question lancinante de la responsabilité de cette débâcle. Si les politiques, par leur absence de fermeté et de lucidité face à l’Allemagne nazie, ont échoué à conduire le pays dans la guerre, les militaires, et en particulier le haut commandement, ont perdu la bataille.

Cet ouvrage richement illustré, écrit par deux éminents spécialistes d’histoire militaire, nous propose de façon inédite les portraits des 24 généraux, grands commandeurs de l’Armée de terre au printemps 1940, parmi les quelque six cents généraux alors en activité. Ces grands chefs ont tous brillamment vécu la Première Guerre mondiale et ont accédé aux plus hautes responsabilités après des parcours professionnels très sélectifs. Et pourtant, face à l’ampleur de l’offensive allemande, certains n’ont pas su démontrer les qualités du chef au combat et ont été incapables de réagir avec courage et intelligence. D’autres ont su « sauver les meubles » en manœuvrant habilement sous le feu de l’adversaire. Certains ont connu des destins tragiques comme Billotte qui meurt au combat, d’autres ont vécu de longues années de captivité comme Bouret, la plupart sont tombés très vite dans l’oubli. Weygand, quant à lui, s’il n’a pas pu sauver la bataille de France, a contribué à la renaissance de nos armées en Afrique du Nord et a fait preuve d’une énergie remarquable.

Des destins brillants brisés sur les écueils de l’histoire. Et au-delà des hommes, une réflexion passionnante sur la sélection de nos élites militaires, un sujet brûlant, toujours d’actualité.