L’auteur paraît suffisamment sur les petits écrans – et les journaux périodiques impriment assez souvent son nom en conjonction avec le signe Datar (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) – pour que le lecteur reconnaisse facilement, dès qu’il a ouvert le livre, qu’il va s’agir d’un sujet qui lui est devenu familier. Cependant, d’avoir beaucoup entendu les différents médias parler d’aménagement du territoire, ne garantit pas aux Français une information complète et rigoureuse, surtout s’agissant d’un sujet particulièrement « sensible », qui éveille de nombreuses susceptibilités politiques, irrite les uns, enthousiasme les autres et concerne tout le monde. Dans cette optique, il n’est pas indifférent que le « patron » de cette nouvelle discipline, Jérôme Monod, se soit fait le porte-parole de sa Délégation pour en expliquer les véritables objectifs, exposer les réalisations qu’il a d’ores et déjà menées à bien et évoquer les perspectives de l’action future.

Jérôme Monod ne s’attache pas uniquement aux mécanismes de l’action de la Datar. Il se rend très bien compte, et c’est à ce moment qu’il accroche le mieux notre attention, que l’entreprise à laquelle il s’est voué n’aura de signification que dans la mesure où elle apportera aux hommes et aux femmes de ce pays quelque chose de plus que la seule satisfaction de leur confort matériel. L’aménagement doit avant tout permettre un certain épanouissement de la société et finalement fournir à tous des « instruments pour la liberté ». Il doit donc se préoccuper non seulement de l’implantation des usines, mais aussi des conditions de travail dans ces usines ; ses recherches en matière d’urbanisme doivent entre autres avoir pour but de supprimer la ségrégation entre catégories sociales ; il doit chercher à abattre les frontières qui cloisonnent trop souvent chez nous la vie culturelle ; il doit s’efforcer d’effacer toutes les marques matérielles qui concrétisent sur le terrain les inégalités sociales et les rendent souvent insupportables.

Autrement dit, Jérôme Monod estime que « le changement social donne une signification nouvelle à l’aménagement du territoire ». Le grand mérite et le grand intérêt de son livre sont de nous faire comprendre que l’aménagement du territoire pouvait et devait transcender les actions ponctuelles pour atteindre rapidement une tout autre dimension. ♦