Si la prospective est la « science ayant pour objet l’étude des causes techniques, scientifiques, économiques et sociales qui accélèrent l’évolution du monde moderne, et la prévision des situations qui pourraient découler de leur influence » ⁽¹⁾, le cyberespace a naturellement vocation à être étudié sous cet angle. Objet aux caractéristiques particulières voire déroutantes, il a déjà subi plusieurs mutations et a notamment évolué, comme envisagé ⁽²⁾, vers une extension des logiques de tension puis de conflictualités. À tel point qu’il intègre de plus en plus la réflexion ⁽³⁾ et les travaux de recherche de stratégistes tant civils que militaires.

À l’horizon de la prochaine décennie (2020-2030), des évolutions majeures parmi lesquelles la probable révolution des objets connectés, de la robotique voire du transhumanisme ⁽⁴⁾ vont vraisemblablement modifier l’actuel visage du cyberespace qui muterait alors vers autre chose. L’objet de cet article, qui pourra être ultérieurement approfondi et complété, est de présenter certaines implications emblématiques qui, sans être exhaustives, permettent de dessiner le contexte possible du cyberespace pour les quinze prochaines années. Le contexte mais également les éventuelles conséquences, structurantes, dans le champ des conflictualités

Réflexions autour des caractéristiques du cyberespace et de ses impacts sur la stratégie

Passons rapidement sur la ou plutôt les définitions ⁽⁵⁾ du cyberespace pour en venir, dans un premier temps à l’approche en trois couches qui fait consensus : la couche matérielle, la couche logique et la couche sémantique (ou informationnelle). L’émergence prévisible à l’orée des années 2020 des premiers êtres humains augmentés par adjonction de capteurs, de prothèses et d’implants mécaniques, électroniques et biochimiques (voire bioinformatiques), pourrait amener la révision de l’approche en trois couches.