Après six ans de transformation des armées américaines en pleine guerre d’Irak, le départ de M. Rumsfeld a sonné l’heure d’un premier bilan. Le rêve d’une rupture dans l’innovation et d’un rapide changement des mentalités, gage d’une interarmisation parfaite, s’est mué en une usine de génération capacitaire, où la technologie est reine. La préparation opérationnelle et l’intégration des capacités nouvelles ont de ce fait remplacé le développement de concepts et l’expérimentation dans l’économie de la transformation, tandis que l’interagence amène une note d’espoir pour la résolution des crises futures.
Que reste-t-il de la transformation ?
What remains of transformation?
After six years of transforming US forces while fighting a war in Iraq, Mr Rumsfeld has resigned and the time has come for a first evaluation of the transformation enterprise. The dream of disruptive innovation and of a rapid change of mentalities towards a seamless Big Joint has given way to a venture generating capabilities under the spell of technology. Training and integration of new capabilities have thus replaced concept development and experimentation in the transformation business model, while the progress of Interagency strikes a hopeful note for the resolution of future crises.
« Conduire » sa propre mutation comme on conduit des opérations paraît impensable. Les États-Unis l’avaient pourtant entrepris pour leurs forces armées à l’aube du millénaire, avec une foi absolue dans leur capacité à triompher des difficultés par l’innovation et la technologie. M. Rumsfeld, constatant (1) l’incertitude des menaces futures, la désuétude d’une vision du monde fondée sur les menaces passées et l’inadéquation du développement de la force comme réponse, lançait en 2001 une « transformation », qui, visant au changement des mentalités héritées de la guerre froide et des conflits traditionnels entre États, reposait sur une culture de changement continuel, apte à produire les idées nécessaires pour faire face aux nouvelles menaces.
Les événements ont depuis balayé l’optimisme initial et les critiques ont contraint Donald Rumsfeld à la retraite, sonnant l’heure du bilan. Au-delà des polémiques, que reste-t-il aujourd’hui de cette entreprise visionnaire ? Et quels enseignements peuvent en être tirés ? La réponse à ces questions est complexe, car après une période d’agitation où l’innovation conceptuelle fournissait la partie vive de la transformation, la génération capacitaire occupe désormais le cœur d’un processus assagi, recentré sur la préparation opérationnelle et l’intégration, tandis que le soutien de court terme aux opérations prend souvent le pas sur la préparation de l’avenir.
Comprendre où en est la transformation américaine en 2007 suppose ainsi une connaissance intime de ce projet volontariste, afin d’en interpréter les échecs et d’en appréhender les acquis durables, vers lesquels devrait s’orienter notre réflexion nationale.
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