La réserve militaire est, depuis toujours le moyen de faire varier au moindre coût l’effectif des armées. Elle est devenue, au fil du temps un symbole de la citoyenneté et, pour certains, un instrument de distinction. Elle est aujourd’hui l’un des éléments de l’action permettant à l’armée de lutter contre un risque (réel ou supposé) d’isolement. La cohabitation entre réserve opérationnelle et réserve citoyenne est probablement le moins mauvais compromis que l’on puisse trouver pour réconcilier ces exigences incompatibles entre elles.
La réserve, d'hier à aujourd'hui
Reserve forces, yesterday and today
The military reserve has traditionally been the means whereby modifications to the strength of the armed forces could be achieved at the lowest cost. With time it has become a symbol of citizenship and, for some, a way of gaining distinction. Today it is one of the elements that allow the armed forces to counter the risk (real or assumed) of isolation. Cohabitation between an operational reserve and a citizens’ reserve is probably the least bad compromise that could be found to reconcile their two mutually incompatible requirements.
Selon le dictionnaire Robert de la langue française, l’apparition du mot « réserve » date de 1668, dans l’acception « troupe qui n’est pas engagée immédiatement et qu’on garde disponible pour la faire intervenir au moment voulu ». Ce serait donc à Michel Le Tellier que l’on devrait cette refonte significative de la tactique militaire ou du moins son explicitation dans la langue militaire française. Il faut attendre 1791 pour qu’une « réserve nationale » apparaisse, et que l’acception du mot soit étendue à la « portion des forces militaires d’un pays qui n’est pas maintenue sous les drapeaux mais peut y être rappelée ». Quant au mot « réserviste », il pourrait avoir été forgé au cours des débats qui ont entouré la gestation de la loi Gouvion Saint-Cyr de 1872, puisque Robert fixe sa première apparition à cette année-là.
C’est de ce réserviste qu’il sera question ici, sans que l’on puisse pour autant le séparer de la réserve dont il tire son statut, ni des armées, qui lui assignent une activité. Aujourd’hui, dans la plupart des grandes puissances militaires, avec la disparition de la conscription, l’accès à la réserve est le fruit d’un acte d’engagement. Ce dernier peut répondre à des motivations extrêmement diverses, en fonction des circonstances, de la nature des offres formulées par les armées, de la qualité de la politique de recrutement de celles-ci.
De la réserve de mobilisation…
La vocation de la réserve a d’abord été de constituer un potentiel de « main-d’œuvre » permettant aux armées de se renforcer rapidement face à une menace dépassant leurs capacités du temps de paix : « (…) Il y aura de plus, dans la réserve, 510 000 hommes (…). De sorte que pour repousser une invasion, la France aura en tout 1 185 000 hommes (…). Et tout cela sans augmenter en rien les charges du Trésor et des populations : car nous n’aurons toujours sous les armes que le même nombre d’hommes, et, par suite, il n’y aura que le même nombre de journées enlevées à l’agriculture, au commerce et à l’industrie (Très bien ! très bien !) » (1).
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article