Le Secrétaire général/Haut représentant (SG/HR), Javier Solana, s’exprimant sur le développement de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), qualifiait la doctrine, les opérations et les capacités comme des secteurs où de remarquables progrès ont été accomplis ⁽¹⁾. En outre, en considérant les aspirations de l’UE à « développer une culture stratégique propre à favoriser des interventions en amont rapides et, si nécessaire robustes » ⁽²⁾, on voit l’importance capitale de l’élaboration par l’UE de méthodes communes permettant de planifier et conduire des opérations. Néanmoins, la doctrine semble rester un sujet difficile à appréhender à Bruxelles, car elle n’est pas tangible comme les opérations ou les capacités. En effet, certains ne sont pas convaincus que l’UE ait, ou même doive développer une doctrine militaire ⁽³⁾.

Cet article examinera le développement de la doctrine militaire de l’UE au regard d’un modèle largement utilisé pour le travail en équipe ; lequel modèle souligne que la qualité de l’exécution dépend de la maturation de l’équipe qui doit passer par différentes étapes. L’emploi de ce modèle apportera un éclairage instructif à l’évolution de la doctrine militaire de l’UE et de ses contributions.

Le cadre général de la doctrine militaire

L’expression doctrine vient du latin doctrina (enseigner, étudier, instruire) et dans le domaine militaire on l’associe généralement à la façon dont les forces prévoient d’opérer pour répondre à leurs objectifs ⁽⁴⁾. Au sein de l’UE, il n’y a aucune délimitation claire entre la doctrine, les concepts, les directives et les procédures. Cet article emploiera l’expression doctrine pour qualifier le corps collectif des conseils militaires qui sont prévus pour influencer la planification et la conduite des opérations militaires menées par l’UE.