Comprendre l’Europe et fédérer les ressources et les énergies pour développer la vision française de la construction européenne sont les principaux objectifs du Cycle des hautes études européennes créé par l’ENA. Il s’agit de répondre par cette formation à un véritable besoin de connaissances exprimé par les élites françaises et européennes. Le succès de cette formule, tout à l’honneur de l’administration française, devrait en assurer la pérennité et inspirer d’autres initiatives européennes.
Un nouveau départ pour comprendre la galaxie européenne
Understanding the European constellation: a new departure
The main aims of the Higher European Studies Course (CHEE) recently created by the École Nationale d’Administration (ENA) are to increase awareness of European questions and concentrate the energies and resources needed to develop France’s vision of European construction. Through this course it is hoped to respond to the real need for indepth knowledge expressed by French and European elites. The success of this scheme, for which the French administration deserves credit, should guarantee that it continues and leads to similar European initiatives.
Depuis janvier 2007, l’École nationale d’administration, grâce à sa structure internationale, accueille une nouvelle formation, le Cycle des hautes études européennes. Décidée lors du comité interministériel sur l’Europe du 19 décembre 2005, la création de ce cycle, qui doit beaucoup au rapport de Jean-Pierre Jouyet (alors chef de l’inspection générale des finances), a pour objectif de diversifier le réseau des personnalités sensibilisées aux questions européennes et de constituer une filière d’excellence sur ces questions. S’inspirant du modèle développé par l’Institut des hautes études de défense nationale, ce cycle rassemble une quarantaine d’auditeurs d’horizons très divers qui participent à des modules mensuels de trois à quatre jours de conférences et de débats-rencontres établis sur une année. Pour la première édition, le ministère de la Défense était représenté par un colonel de l’Armée de terre et un ingénieur en chef de l’armement. Ils y ont côtoyé des membres de la société civile. Indiscutablement ce premier cycle est une grande réussite qui redonne goût à la chose européenne. Répondant à un besoin, cette formation a brillamment su faire découvrir la richesse et les complexités de l’Europe sans en cacher ni les handicaps ni les enjeux.
Qui connaît l’Europe ? En vérité, à l’exception des personnes directement touchées par celle-ci dans leur travail, l’Europe se limite pour l’immense majorité d’entre nous à quelques arguments un peu fades sur des rêves d’élargissement déconnectés des réalités économiques et stratégiques, ou pire encore à des critiques stériles sur la bureaucratie bruxelloise. Parce qu’ils ne la connaissent pas, ou qu’ils n’en connaissent que le côté bouc émissaire, 55 % des Français ont dit non au traité constitutionnel. Au sein des jeunes générations intellectuelles, politiques et économiques, l’Europe est pour certains une contrainte et pour d’autres une évidence ; mais de moins en moins considèrent que c’est encore un combat à mener pour continuer à faire triompher ce qu’elle nous a apporté depuis soixante ans : la paix, et son corollaire le développement.
Dans une Europe à vingt-sept tentée par le libre-échangisme si peu contraignant, si facile à mettre en œuvre et ignorant toute forme de solidarité, l’influence de la France et des valeurs qu’elle défend depuis le Traité de Rome impose un effort de formation auprès des nouvelles générations de responsables, ainsi que la création de réseaux de solidarité. Il faut pour cela que notre politique européenne, à présent marquée par le « retour de la France », soit compréhensible afin que les autorités politiques, administratives, et économiques soient en mesure de défendre, d’influencer ou simplement de comprendre la vision française de l’Europe. Cela implique une adaptation des structures politiques et administratives et une renonciation à l’éparpillement.
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