C’est à Hanoi, capitale du Vietnam, que se tiendra en novembre prochain le septième sommet de la francophonie ; c’est la première fois que cette conférence a lieu dans un pays d’Asie. L'auteur nous présente ses réflexions sur ce sommet et la francophonie en général, nous en apprécions l’objectivité.
Réflexions sur la francophonie, hier et demain, en Asie et ailleurs
La septième « Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage », plus communément appelée « Sommet de la francophonie », se déroulera pour la première fois sur le continent asiatique, en novembre prochain, à Hanoi. Même si le terme fut inventé à la fin du siècle dernier par le géographe Onésime Reclus, la construction géopolitique que désigne le mot « francophonie » paraît bien plus récente puisqu’elle se met en place, fort logiquement, avec le processus de décolonisation qui, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fait se multiplier le nombre des États indépendants à travers le monde. En Afrique surtout, mais pas seulement sur ce continent, de nombreux nouveaux pays avaient été placés, un moment, sous l’influence de la France et donc dans une sorte d’imprégnation de la langue française.
L’ensemble francophone, tel qu’il se présente à nos yeux, semble s’être édifié de manière progressive, voire empirique sinon tâtonnante ou erratique ; il recèle donc quelques ambiguïtés et confusions qui apparaissent simplement comme la rançon de sa vitalité. Par ailleurs, la langue française ne bénéficiant plus autant, en cette fin de XXe siècle, d’une universalité naguère incontestée, serait peut-être bien avisée de se rechercher des alliances dans le monde pour maintenir, voire renforcer ses propres positions (1). Enfin, il semble bien que l’échéance prochaine du sommet de Hanoi doive être novatrice sur plus d’un point. Tels seront donc les trois axes successifs de notre réflexion.
Ambiguïtés et confusions
La France ne détient sur la langue française qu’un titre de paternité, d’antériorité, mais nullement de propriété, moins encore d’exclusivité. Paris ne peut donc être tenu pour l’unique responsable de l’évolution de la francophonie, encore moins de sa création puisque celle-ci est due à l’initiative de trois éminents francophones, mais qui n’étaient plus nationaux français au moment où ils lancèrent l’idée de ce regroupement ; cependant, le fait que tous trois aient eu, à un moment de leur vie, des liens intimes avec la France laissa longtemps planer une suspicion sur le rôle de celle-ci dans la genèse de cette organisation. Pour certains détracteurs de cet édifice voué pourtant à une coopération internationale indéniable et, dans bien des cas, féconde, celui-ci apparaît, au contraire, comme une sorte de relais inavouable d’un quelconque impérialisme, héritier et reliquat de l’époque coloniale. Or, on constate que certaines tensions se font jour, parfois, à l’intérieur de cette communauté, qui battent en brèche des intérêts spécifiquement français au profit de ceux d’autres pays francophones, notamment dans le domaine économique où la concurrence s’exerce sans être freinée par une quelconque appartenance à la même communauté linguistique. De tels faits prouvent au moins qu’aucune prépondérance ne se fait sentir à partir de Paris, pas même des tentatives d’arbitrage ou de conciliation. La France n’apparaît guère au sein de cet aréopage que comme primus inter pares : il s’agit d’un pays membre au même titre que les quarante-huit autres (2).
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