L'auteur nous livre ses réflexions sur la stratégie, domaine toujours riche en opinions diverses, surtout depuis que notre monde a connu des bouleversements auxquels il ne s’attendait pas. Il estime que le Livre blanc de 1994 a vécu et qu’il est nécessaire de rechercher un équilibre entre la dissuasion et la stratégie d’action.
L'attente stratégique est-elle encore adaptée ?
« C’est la stratégie qui doit orienter les inventeurs ».
Général Beaufre : Introduction à la stratégie.
Le nouveau contexte géopolitique apparu en 1989 a surpris tous les analystes occidentaux, en remettant en cause l’équilibre par la terreur de la guerre froide. Les repères traditionnels des trente dernières années, passées sous le joug du conflit larvé Est-Ouest, laissent la place à l’incertitude. La disparition de la menace proche et l’apparition de risques flous plus lointains déroutent le stratégiste et permettent au politique d’opérer des coupes dans les budgets de la défense. Pour éviter toute méprise et tout engagement irréversible pour nos forces armées françaises et alliées, le général Poirier préconisait en 1993, dans La crise des fondements, une posture d’attente stratégique (1). La France et l’Otan ont suivi cette stratégie de prudence dans le Livre blanc de 1994 et le Concept stratégique de l’Alliance de 1991.
Depuis 1994 la situation a changé, suscitant inéluctablement une stratégie plus active. De nouveaux paradigmes apparaissent, supplantant la sacro-sainte dissuasion nucléaire : la projection, appelée aussi stratégie d’action, et la prolifération, entraînant la contre-prolifération. Par ailleurs, les relations entre les États évoluent, avec notamment l’élargissement de l’Alliance et la construction européenne. Ces choix politiques conduiront inexorablement à de nouveaux choix stratégiques. Quitter de façon plus nette cette période d’immobilisme devrait permettre de redéfinir une stratégie plus active et concertée, qui répondrait aux questions des responsables politiques et orienterait les inventeurs vers de nouveaux « voies et moyens » (2).
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