En avril dernier, l'auteur, spécialiste du Proche-Orient, nous présentait la politique « deux poids, deux mesures » des États-Unis dans cette région. Il évoquait en particulier les relations américano-israéliennes, thème qu’il reprend dans un nouvel article où il nous fait part de sa propre analyse à la lueur des événements récents.
Les États-Unis et Israël : les limites du pouvoir
L’une des conséquences du blocage du processus de paix au Proche-Orient depuis déjà presque deux ans est la mise en cause de la politique du « parrain » américain désormais sous le feu des critiques à la fois des Israéliens et des Arabes. Tandis que les premiers accusent Washington de vouloir exercer des pressions sur l’État hébreu pour accepter des propositions qui « mettraient la sécurité d’Israël en danger », les seconds expriment amertume et déception devant « l’absence de fermeté américaine » envers la politique « intransigeante et provocatrice » de M. Netanyahou et de son gouvernement.
Au fond, et dans les deux cas, on retrouve la question délicate des relations américano-israéliennes et ses impacts sur les perspectives de paix entre les frères ennemis du Levant. Les États-Unis ne sont-ils pas les « parrains » du processus en cours ? Washington n’est-il pas de longue date l’« allié » fidèle d’Israël ? Les États-Unis n’avaient-ils pas prouvé, lors de l’opération Tempête du désert, ou encore récemment dans la crise qui les a opposés au régime irakien, qu’ils détenaient le pouvoir d’assurer le respect de la légalité internationale dans la région ? Comment peut-on expliquer le fait que Washington, malgré son statut de « grande et unique puissance mondiale » ne puisse débloquer la situation au Proche-Orient en imposant le respect de la légitimité internationale sur la partie jugée « récalcitrante » par la communauté ? Afin de pouvoir éclaircir ces points, il semble opportun de se pencher d’abord sur la nature des relations américano-israéliennes pour tenter ensuite d’élucider l’énigme que pose actuellement la politique de l’Oncle Sam dans cette région au bord de l’explosion.
Relations spéciales ou dépendance sans responsabilité ?
Depuis la création d’Israël, les liens entre les États-Unis et l’État nouvellement né n’ont cessé de se resserrer. À la base de ces « relations spéciales », se trouvait une profonde sympathie qui se répandait dans l’opinion publique américaine du fait non seulement des ravages causés par l’Holocauste, mais de l’admiration de l’intelligence, du courage et des ressources du peuple juif. Cette sympathie s’était vue renforcée par le rôle que jouait la communauté juive aux États-Unis ; rôle, il est vrai, disproportionné avec le nombre de ses composants et qui couvrait tous les domaines de la vie américaine : financier, politique, médiatique, littéraire… Très vite, les relations entre les deux États ont évolué de façon considérable vers une situation de dépendance accrue de l’État hébreu à l’égard du gouvernement d’outre-Atlantique, militairement, économiquement et politiquement.
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