Des travaux réalisés par le groupe d’études Sud-Nord-Sud de l’Institut de recherches internationales, européennes et de défense (Iried), dirigé par le professeur Olivier Pirotte, de l’Université de Lille II sur le thème « minorités et identité en Israël, facteurs de déstabilisation interne » deux doctorantes ont extrait un article dont l’analyse et la conclusion nous ont semblé très intéressantes et particulièrement objectives. Israël est une mosaïque ethnique et sociale qui comporte des risques évidents de tensions mais le pays est également entrain de se scinder en deux grandes tendances : religieuse et non religieuse.
Minorités et identité en Israël, facteurs de déstabilisation interne
Malgré sa dispersion à travers le monde, le peuple juif a toujours gardé une mémoire identitaire nationale, fondée sur l’espoir du retour en terre d’Israël. Aussi, quand sont apparues les idées relatives à la lutte des peuples pour leurs droits historiques, les juifs furent sensibles au mouvement de réveil des nationalités. En 1896, Theodor Herzl exprimait dans son ouvrage, L’État des Juifs, essai de solution moderne de la question juive, la revendication politique du peuple juif qui ne voyait son avenir ni dans une solution religieuse — l’attente du messie — ni dans son émancipation civique résultant des principes consacrés par la Révolution française. Selon les sionistes, au premier rang desquels Theodor Herzl, ce peuple n’avait d’autre solution que d’instaurer son État en Palestine, patrie historique des juifs et terre des patriarches. Ainsi était né le mouvement national juif qui avait pour but de réunir tous les juifs du monde sur une même terre. Bien qu’il se soit voulu non religieux. le sionisme choisit comme « terre d’accueil » la Terre sainte, la Terre promise par Dieu à son peuple.
La renaissance de la nation juive n’allait pas se faire sur son idéologie fondatrice, le monothéisme, mais sur un passé historique, culturel, car, comme le souligne Alain Diechkoff, « tout mouvement national s’imprègne de souvenirs, de symboles, de mythes collectifs qui forment la mémoire du passé, le terreau intellectuel et affectif dans lequel il plante ses racines. Sans cet humus fécondateur, l’esprit d’une nation est frappé d’atonie, il s’use puis meurt » (1).
L’objectif principal de ceux qui voulaient et vinrent s’installer sur la terre d’Israël n’était pas de recréer le royaume de Salomon, mais bien de fonder un État moderne séculier où les Juifs pourraient se développer, à l’instar des autres nations, dans les domaines politique, social et culturel. En effet, la majorité des juifs qui immigrèrent en Terre sainte était influencée par les idéaux de l’époque. L’immigré type n’était pas le juif pieux d’un certain âge qui aspirait à y être enterré, mais le jeune intellectuel prêt à échanger son costume contre un habit d’agriculteur pour bâtir un État autonome où tous seraient égaux.
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