Défense dans le monde - La réforme militaire en Russie
Le 11 novembre 1997, le correspondant de l’AFP à Moscou rédigeait une dépêche ainsi intitulée : « L’armée russe n’est plus que l’ombre de la puissante armée rouge ». Ce propos direct présentait l’avantage de résumer en quelques mots l’ampleur du processus de dégradation auquel le dispositif militaire hérité du régime soviétique avait été soumis depuis 1992. La brutale mutation de la société russe, une orientation cahotante vers l’économie de marché avaient alors créé des problèmes extrêmement douloureux, repoussant à l’arrière-plan tout effort réel de réforme militaire. Durant cinq années, les forces armées, considérablement surdimensionnées, avaient pratiquement été laissées à l’abandon.
L’armée russe s’était alors trouvée en proie à une crise généralisée : fuite des jeunes officiers, insoumission des appelés, professionnalisation difficile, conditions de vie et d’hébergement déplorables, retard dans le paiement des soldes, taux d’entraînement très en deçà des normes, non-renouvellement des matériels, perte de prestige sans précédent au sein de la population.
Il est manifeste que dès 1992 le pouvoir politique avait conclu à l’inadaptation d’un dispositif militaire pléthorique. N’ayant pas les moyens budgétaires nécessaires aux réductions de format, il n’avait pas eu d’autre choix que de le laisser dépérir. Puis, à partir de 1997, alors que l’intégration dans l’économie mondiale paraissait irréversible, le président russe comprit qu’il était temps de mettre un terme au processus d’attrition naturelle et de pratiquer une politique de réduction nécessaire des forces armées. Ce changement d’attitude fut alors concrétisé par la nomination du général Sergueev, en mai 1997, à la tête du ministère de la Défense. Professionnel brillant, qui avait su préserver le caractère opérationnel des troupes de missiles stratégiques dans un contexte budgétaire désastreux, le futur maréchal Sergueev, grâce à ses qualités de gestionnaire efficace, est apparu comme l’homme de la situation, apte à traduire en actes les orientations du président.
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