Économique - Monnaie - Prix - Activité - Commerce extérieur - Taux de change
Pour la deuxième fois depuis le début de l’année, le Gouvernement a dû avoir recours à de nouvelles avances de la Banque de France. Le 22 janvier 1953 (cf. notre chronique du numéro de mars), le plafond des avances « provisoires » avait été porté de 175 à 200 milliards, tandis que la Banque souscrivait 25 Mds de Bons du Trésor, remboursables par moitié les 22 avril et 22 mai 1953. Le 24 mars, le Gouvernement a obtenu du Parlement le vote d’une loi approuvant une nouvelle avance, de 80 Mds cette fois, remboursable le 31 mai 1953. Cette succession de recours à l’Institut d’émission, survenant après une période de quatre ans pendant laquelle le plafond des avances était resté fixé à 175 Mds, n’a pas manqué d’inquiéter l’opinion. Elle prouve évidemment que l’État, suivant la formule courante, « vit au-dessus de ses moyens ». Toutefois, il en est ainsi depuis des années ; d’où vient donc l’état de crise actuel ? Si curieux que cela puisse paraître, il résulte, aux dires du Gouvernement, de ce que le budget a été, cette année, voté avec moins de retard que les années précédentes. Ainsi, l’utilisation des crédits du Fonds de modernisation et d’équipement par les exploitations nationalisées (et par les collectivités publiques secondaires) a été accélérée, mettant la Trésorerie en difficulté dans une période où ses ressources sont ordinairement assez basses.
Au surplus, le Gouvernement déclare, dans l’exposé des motifs du projet de loi ratifiant la convention d’avances, que « le souci de réserver les émissions sur le marché financier, au début de l’année, aux entreprises nationales ou aux établissements spécialisés dans le financement des programmes d’investissement et de construction, a empêché le Trésor de solliciter, en son nom propre, le concours de l’épargne ». Il semble donc bien que les ressources de Trésorerie, qui depuis de longues années couvrent une partie appréciable des dépenses publiques, n’atteignent plus un montant suffisant pour éviter le recours apparent à l’expansion monétaire, que constituent les avances de la Banque. La fin de l’inflation, le ralentissement incontestable de l’activité économique ne permettent plus de compter sur des moyens de facilité pour assurer l’équilibre des dépenses publiques. Il y faut maintenant une véritable politique, en face d’une alternative simple : création de ressources additionnelles – par l’emprunt – ou diminution des dépenses, mais sur quels chapitres les faire porter ? effort militaire ?, investissements ?, reconstruction ?, le choix à faire a une signification véritablement politique, au sens le plus profond du terme.
Sur le plan monétaire, la stabilité des prix continue de régner. L’indice général des prix de gros s’inscrit, fin mars 1953, à 8,4 % en dessous de son niveau maximum, atteint en janvier 1952. Les principaux postes de l’indice ont évolué comme suit (base 100 en 1949) :
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