La Corée du Nord utilise la cybercriminalité pour financer son programme nucléaire, récoltant des milliards via des cyberattaques. Elle combine progrès technologiques, comme le missile Hwasong-18, et cyberespionnage pour contourner les sanctions internationales, redéfinissant ainsi la dissuasion nucléaire à l'ère numérique.
Behind the Screen, the Bomb: Cybercrime, the Other Face of North Korean Deterrence
North Korea uses cybercrime to fund its nuclear program, reaping billions through cyberattacks. It combines technological advances, such as the Hwasong-18 missile, with cyberespionage to circumvent international sanctions, redefining nuclear deterrence for the digital age.
La Corée du Nord, longtemps considérée comme une puissance nucléaire marginale, s’impose désormais comme un acteur hybride du XXIe siècle : à la fois État proliférateur, maître du chantage balistique et acteur majeur de la cyberguerre mondiale. Si l’opinion publique internationale continue d’associer le programme nucléaire nord-coréen à des images de missiles lancés au-dessus du Japon ou de défilés militaires à Pyongyang, une autre facette, plus discrète, plus moderne, et potentiellement plus dangereuse, reste souvent sous-estimée : l’usage intensif de la cybercriminalité comme moteur direct de l’ambition nucléaire.
Selon un rapport publié début 2025 par le panel d’experts de l’ONU, les cyberattaques lancées par la Corée du Nord auraient permis au régime de Kim Jong-un de récolter plus de 3 milliards de dollars entre 2017 et 2024, principalement via le vol de cryptomonnaies, le cyberespionnage industriel et des infiltrations dans des systèmes militaires occidentaux (1). Un financement occulte qui alimente directement le développement de son programme d’armes nucléaires.
La montée en puissance nucléaire : entre visibilité balistique et opacité numérique
Depuis son premier essai nucléaire en 2006, la Corée du Nord s’est hissée au rang d’État nucléaire de facto. Elle a effectué six essais souterrains entre 2006 et 2017, dont le dernier, selon ses déclarations, aurait porté sur une bombe thermonucléaire. En parallèle, elle a testé une gamme croissante de missiles balistiques, incluant des vecteurs intercontinentaux capables, en théorie, d’atteindre les États-Unis.
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