Alors que le Proche et Moyen-Orient se relève à peine de la guerre enclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque terroriste du Hamas contre Israël et qui s’est ensuivie d’une riposte massive et brutale, nous commémorons les 30 ans de la mort d’Yitzhak Rabin. Le 4 novembre 1995, le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, était assassiné à Tel Aviv par un extrémiste juif ultranationaliste opposé aux accords d’Oslo signés le 9 septembre 1993 et qui avait permis de mettre fin au conflit entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël, l’organisation de Yasser Arafat reconnaissant le droit à Israël d’exister en tant qu’État.
Les deux hommes d’État ennemis auparavant entamaient un processus de rapprochement qui devait mettre fin aux guerres enclenchées depuis 1948, avec la création de l’État d’Israël et qui avaient amené à des confrontations majeures entre la nouvelle nation juive, ses voisins arabes et les Palestiniens. D’où l’attribution en octobre 1994 du Prix Nobel de la paix aux deux hommes au regard de cette avancée majeure.
Trente ans après, ce triste anniversaire résonne encore dans la mémoire avec le sentiment amer que les espoirs alors portés n’ont pas pu être développés au regard du 7-Octobre et de ses conséquences. C’est tout l’intérêt du livre proposé par le journaliste Michaël Darmon, fin connaisseur de la région et éditorialiste reconnu. En se replongeant dans les jours qui ont endeuillé Israël, il nous propose de comprendre ce qui s’est alors passé pour arriver à ce meurtre politique et de tirer des enseignements des conséquences de cet échec qui se font encore sentir aujourd’hui.
Yitzhak Rabin était né en 1922 à Jérusalem d’une famille aux racines russes et qui avait gagné la Terre promise au début du XXe siècle. Son parcours est d’abord celui d’un militaire qui prit part à toutes les guerres, y compris dès 1941 au côté des Britanniques contre l’Axe nazi, puis dans Tsahal jusqu’après la guerre des Six-Jours en 1967, avant d’entamer un parcours politique comme député Travailliste. Il est Premier ministre une première fois de 1974 à 1977 et revient en 1992 jusqu’à sa mort en 1995. Il eut l’audace de franchir le pas et de discuter avec l’ennemi, en l’occurrence l’OLP.
Déjà, le refus du dialogue et de la paix avait frappé la région lorsque le 6 octobre 1981, le Président égyptien Alour el Sadate avait été assassiné au Caire lors d’une parade militaire par ses propres soldats hostiles au rapprochement commencé à la suite de la guerre du Kippour en 1973. La visite surprise et spectaculaire du dirigeant égyptien à Tel Aviv le 19 novembre 1977 avait suscité la haine des extrémistes islamistes.
Dix-huit ans plus tard, c’est un même parallèle dans lequel le meurtrier refuse la politique de la main tendue par Yitzhak Rabin aux Palestiniens au nom d’une idéologie extrémiste s’appuyant sur une lecture dévoyée de la religion. D’où l’intérêt du travail proposé ici qui permet de comprendre, d’une part, l’engrenage fatal qui a amené au 4 novembre 1995 et, d’autre part, ces trente dernières années ainsi que le drame entamé le 7 octobre 2023 et dont les souffrances subies par les populations civiles laisseront des cicatrices indélébiles. Même si le bruit des armes semble avoir cessé, la question du vivre à côté, à défaut du vivre ensemble, reste entièrement posée.







