Politique et diplomatie - Diplomatie des non engagés
À la mi-septembre il semblait à peu près certain que des négociations allaient s’ouvrir entre les Occidentaux et l’U.R.S.S. pour tenter de régler la crise de Berlin et plus généralement le problème de l’Allemagne. Le Président Kennedy, dans presque toutes ses déclarations publiques au cours de l’été, a exprimé sa conviction qu’une négociation était utile et qu’elle était possible. M. MacMillan et les membres de son gouvernement, faisant écho à la quasi-unanimité de la presse britannique, ont souligné que plus tôt la négociation aurait lieu mieux cela vaudrait. Le Président de la République Française, dans sa conférence de presse du 5 septembre, a laissé entendre que l’heure de la négociation approchait, tout en réitérant l’assurance que les Occidentaux feraient face à leurs engagements si l’U.R.S.S. tentait d’interrompre par la force l’exercice de leurs droits à Berlin. Quant au Chancelier Adenauer, au cours de la campagne pour les élections du 17 septembre, il a également indiqué que l’Allemagne Fédérale envisageait sans réticences l’ouverture d’une négociation entre ses alliés et l’U.R.S.S.
Ces négociations, Moscou a tout fait pour les aborder en position de force. Le succès, au début d’août, du cosmonaute Titov [NDLR 2025 : le 2e vol orbital d’une durée de 24 heures] a, dans cette perspective, une signification politique. De même, le moment choisi par Moscou, le 30 août, pour annoncer sa décision de reprendre les expériences nucléaires. Cette décision met fin brutalement à la trêve dont l’U.R.S.S. elle-même avait été l’initiatrice en mars 1958. Des négociations anglo-américano-soviétiques s’étaient engagées en octobre de cette même année, à Genève, pour essayer de transformer cette trêve précaire en une situation juridique résultant d’une convention internationale interdisant les essais nucléaires. Mais, depuis le printemps 1961, le succès de ces négociations paraissait exclu : l’U.R.S.S. exigeait en effet que l’organisme chargé de contrôler l’application de cette convention soit dirigé par un collège de trois membres représentant un pays occidental, un pays neutre et un pays communiste. Chacun d’entre eux eût, selon les vues de Moscou, disposé d’un droit de veto sur les décisions ou les recommandations de l’organisme de contrôle. Autrement dit, celui-ci se serait trouvé paralysé dans tous les cas où il aurait pu être utile.
En outre, l’U.R.S.S. faisait alors savoir que la conclusion d’un accord sur l’arrêt des essais nucléaires dépendait d’un accord plus général sur le désarmement : pas d’arrêt des tests sans un désarmement total et complet tel que l’entendait Moscou.
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