À partir de l'article (« Our alternatives in Europe ») de 5 analystes du Hudson Institute, sous la direction d'Herman Khan, publié dans la revue américaine Foreign Affairs de juillet 1966.
À travers les revues - Les options de la politique américaine en Europe
Devant quelles options la politique des États-Unis vis-à-vis de l’Europe se trouve-t-elle placée, à la suite des récentes décisions de la France sur les modalités de sa participation à l’OTAN ? C’était un beau sujet d’études pour les analystes du « Hudson Institute », un sujet complexe et difficile à souhait. Cinq d’entre eux, sous la direction d’Herman Kahn (1), l’ont approfondi. Le résultat de leurs réflexions est consigné dans un récent article (2), signé de deux noms seulement, ceux d’Herman Kahn et de William Pfaff, l’un et l’autre spécialistes connus de politique étrangère et de stratégie, auteurs de. plusieurs ouvrages remarqués. Ils expriment une opinion personnelle ; mais celle-ci mérite largement d’être prise en considération, en raison de la compétence et de l’autorité de ceux qui l’exposent.
Cet article est intéressant à plusieurs titres. Il montre d’abord le mécanisme du raisonnement analytique et prospectif devant un problème d’une considérable importance, dont les implications sont innombrables et dont les développements peuvent suivre des cours très différents, suivant les possibles variations des très nombreux paramètres. Les auteurs ont d’abord envisagé une hypothèse plausible, mais volontairement défavorable et pessimiste ; puis ils l’ont confrontée avec les intérêts américains en Europe, tels qu’ils résultent de la politique suivie par Washington depuis de longues années. L’étude se base sur cette comparaison entre une donnée imaginaire et une donnée réelle, sur un rapprochement permanent entre ce qui pourrait être et ce qui est ; aussi offre-t-elle une juxtaposition raisonnée de réalisme et d’imagination, de facteurs précis, mesurés et de calculs de probabilité.
Il est également instructif de noter la façon suivant laquelle sont présentés les intérêts américains en Europe ; dans un mélange d’objectivité froide et de calculs égoïstes d’une part et d’autre part de générosité, d’idéalisme et de dons sans contrepartie. Enfin, des lecteurs français apprécieront certainement de connaître le sentiment des auteurs sur la France et leur avis sur la place qu’elle peut occuper dans une Europe et une Alliance Atlantique de l’avenir. L’attitude préconisée envers elle ne manque point de faire penser à celle d’un père pour un enfant prodigue, mais d’un père qui estimerait que les prescriptions évangéliques vont trop loin et qui userait à la fois de fermeté et de compréhension.
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