Institutions internationales - Les institutions internationales et les États - Vers une relance européenne ? - Le conflit chypriote et l'Otan - L'ONU et le nombre des hommes
Si aucun événement n’est jamais absolument imprévisible – comme l’histoire, la politique ignore la génération spontanée – il est souvent difficile de prévoir le moment où se déclenchera tel ou tel processus. Tel fut bien le cas des deux événements majeurs de l’été, la démission de Richard Nixon et le nouveau conflit chypriote. L’attention était concentrée sur les développements de la profonde crise ouverte par le renchérissement des coûts de l’énergie qui, au-delà de ses incidences financières et économiques, affecte d’autant plus gravement les fondements des sociétés industrielles qu’elle s’insère dans un mouvement inflationniste général.
On connaissait les difficultés du président Nixon, dans leur origine objective et dans l’exploitation politique qui en était orchestrée. On savait que la situation à Chypre recelait bien des risques d’explosion. Mais on pouvait penser que la procédure intentée contre le président des États-Unis se déroulerait comme prévu et n’arriverait à son terme que dans le courant de l’automne : l’évolution rapide du rapport des forces a brutalement accéléré le processus, et c’est Richard Nixon lui-même qui a pris la décision majeure, en tenant compte des perspectives nouvelles ouvertes par cette évolution. De même, on pouvait penser que, respectant une règle souvent vérifiée, les militaires au pouvoir à Athènes s’efforceraient de détourner l’opinion des problèmes intérieurs en l’associant à une aventure extérieure : l’opération lancée contre Makarios par les officiers grecs de la Garde nationale chypriote était prévisible dans sa logique politique, imprévisible quant à sa date et quant à toutes ses répercussions. Dans l’un et dans l’autre cas, la réflexion politique permettait de prévoir des événements graves, elle ne permettait pas d’en prévoir les dates et les modalités.
Le conflit chypriote a montré que le pan-hellénisme reste vivace dans le cœur de nombreux Grecs, et l’on ne peut oublier que c’est contre l’empire ottoman que la Grèce s’est affirmée comme nation. Peut-on parler d’une séquelle de la désagrégation de celui-ci ? Ce serait trop sommaire. La position stratégique de Chypre, les tensions gréco-turques à propos des recherches pétrolières en mer Égée créaient un état de fait explosif. Par ailleurs, comment pouvait-on imaginer que serait durable une solution qui consistait à imposer une structure unitaire à un État regroupant des communautés raciales et religieuses antagonistes ? Seul un État fédéral aurait sans doute pu transcender les souvenirs et les passions des deux communautés. Une nouvelle solution sera certes élaborée, mais les ressentiments resteront vifs, et c’est une situation nouvelle qui, dès maintenant, se présente en Méditerranée orientale.
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