Institutions internationales - Dissolutions de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (Otase) - Dialogues riches-pauvres à l'ONU - Le budget européen - Nouvel effort politique européen
Alors que les vacances s’étaient ouvertes sur les équivoques de la conférence paneuropéenne d’Helsinki, les premiers jours de l’automne ont été dominés par l’intransigeance du gouvernement espagnol à l’égard d’opposants accusés d’avoir abattu des membres de la Guardia civil et de la police armée. Leur exécution a suscité des réactions telles que l’Espagne se trouve politiquement isolée, et que ses rapports avec la Communauté européenne sont remis en cause.
À l’initiative du général de Gaulle, la France avait cherché à cultiver de bonnes relations avec elle, afin de rééquilibrer dans un sens plus « latin » une communauté européenne dans laquelle les puissances anglo-saxonnes et nordiques occupent une place économique telle qu’elle ne peut pas ne pas prendre une coloration politique. Mais une équivoque obscurcit cette démarche. Alors que les milieux franquistes virent dans le rapprochement de leur pays avec la Communauté un moyen de légitimer le régime de Madrid, les Européens en attendaient au contraire une évolution de ce régime vers la démocratie. L’équivoque ne fut pas dissipée par la visite du prince Juan Carlos à Paris il y a quelques mois, et aujourd’hui nul ne peut dire ce que sera l’« après-franquisme ». Tout au plus peut-on penser qu’il ne se stabilisera qu’au terme de troubles peut-être sanglants. Il n’est pas d’exemple dans l’histoire qu’un régime autoritaire soit remplacé sans convulsions par un régime libéral : le régime autoritaire veut se maintenir après la disparition de celui qui l’incarnait, les opposants veulent mettre immédiatement en place des institutions en rapport avec leurs conceptions, ni les uns ni les autres ne songent aux nécessités d’un changement et d’une transition (toute révolution se veut mutation brusque) et ils ne se rendent pas compte du poids des facteurs psychologiques dans leur comportement.
Au surplus, la situation de l’Espagne ne peut pas ne pas être influencée par celle du Portugal, et c’est ainsi un problème hispanique qui se pose aux Européens, à l’heure où se pose aussi à eux le problème de la paix et de la guerre en Méditerranée orientale, à propos de Chypre et de la tension gréco-turque, cependant que la crise chronique de l’Italie et les incertitudes de l’« après-Tito » aggravent encore les inquiétudes. Si les rapports Est-Ouest conservent une acuité que n’ont pas altérée les discours d’Helsinki, les centres des tensions les plus lourdes se situent dans les zones méditerranéennes de l’Europe. Bien des perspectives politiques et des plans stratégiques s’en trouvent affectés.
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