Outre-mer - La Conférence de Lima - Affaire Claustre (Tchad) : une rébellion en miettes et la coopération en cause
La cinquième conférence des ministres des Affaires étrangères des pays non-alignés s’est réunie à Lima du 26 au 30 août 1975 pour préparer la conférence des chefs d’État et de gouvernement qui se tiendra à Colombo (Sri Lanka) en août 1976 et pour définir une attitude commune à adopter au cours des débats de la session extraordinaire de l’ONU qui, à partir du 1er septembre, devait traiter du développement et de la coopération internationale. 88 États africains, américains ou asiatiques participaient à cette Conférence en tant que membres du groupe. Parmi eux, les pays de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), à l’exception des Comores, constituaient à eux seuls la majorité ; l’Asie comptait 13 États participants dont le plus important était l’Inde ; le Proche-Orient 12, à savoir tous les pays de la péninsule arabique, plus Bahreïn, la Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie ; l’Amérique latine 6 ; étaient présents en outre Chypre, Malte et la Yougoslavie, cofondatrice du groupe en 1956 avec l’Inde et l’Indonésie, Les observateurs étaient représentés par 8 États d’Amérique latine ou des Antilles, par les Comores, par tous les mouvements africains de libération de l’Angola (à l’exception de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola ou UNITA), des Seychelles, de la Namibie, de la Somalie, de l’Afrique du Sud et de la Rhodésie (Zimbabwe African National Union ou ZANU et Zimbabwe African People Union ou ZAPU et non l’African National Congress ou ANC qui regroupe ces partis depuis décembre 1974), par le Parti socialiste de Porto Rico et par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Après le discours d’ouverture prononcé par le président de la République péruvienne, le général Velasco Alvarado, le débat porta sur l’admission de nouveaux membres, Il avait été préparé par le Comité de coordination, créé à Alger en 1973, dont l’Algérie assure la présidence et qui comprend 17 États, Panama, la Corée du Nord, le Vietnam du Nord et l’OLP ont été admis à siéger comme membres à part entière. Mme Binh, ministre des Affaires étrangères du Vietnam du Sud, s’est opposée à l’admission des Philippines et de la Corée du Sud qui hébergent des bases militaires américaines ; toutefois, les Philippines ont été acceptées comme invité avec le Guatemala, l’Autriche, la Finlande, la Suède, l’Australie, le Costa Rica, le Honduras, la Roumanie et le Portugal. La candidature de Lisbonne comme membre à part entière avait été posée par l’Algérie, soucieuse d’encourager les efforts déployés par le « Mouvement des Forces Armées » afin de mettre en place un régime militaire analogue à ceux que connaissent actuellement en Afrique, l’Éthiopie, l’Algérie, le Congo, le Mali, et en Amérique latine le Pérou. Le Zaïre s’y était opposé pour protester contre la politique portugaise en Angola : l’amiral Rosa Coutinho, qui représentait son gouvernement à Lima, n’avait pas fait acte de candidature en raison du maintien du Portugal dans l’Otan. El Salvador et Grenada ont été acceptés avec le statut d’observateurs.
Après ces premiers affrontements, des commissions politique et économique furent désignées. Leurs travaux rencontrèrent les difficultés que la conférence au sommet de l’OUA, réunie quelques semaines auparavant, avait connues : les pays les plus pauvres reprochaient aux producteurs de pétrole leur attitude égocentriste. Déjà le général Velasco Alvarado, dans son discours d’ouverture, avait donné le ton. « Certains d’entre nous, avait-il déclaré, disposent de ressources économiques considérables et ne les utilisent que dans une faible proportion pour le soutien et l’aide aux pays frères : en revanche elles sont investies dans des pays qui jouissent d’un haut degré de développement économique ». Cette remarque n’était pas pour déplaire à la plupart des pays africains qui, bien qu’ils eussent accepté d’admettre l’OLP parmi les membres jouissant du droit de vote à la Conférence, en profitèrent pour discuter âprement la résolution, proposée par l’organisation palestinienne, demandant l’exclusion d’Israël de l’ONU.
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