Politique et diplomatie - Armements et indépendance
Dans un article publié par la revue Contrepoint en 1973, l’auteur (1), après d’autres, rappelait qu’en matière de politique étrangère la France avait, à prendre les choses en gros, trois options possibles : la voie atlantique, la voie « européenne indépendante » et la voie « nationale indépendante ». Il estimait, comme beaucoup, que la voie atlantique, quels que puissent être ses avantages, comporte des inconvénients sérieux et, par ailleurs, ne peut être considérée comme l’objet d’une politique réaliste dans le contexte interne et international actuel. La majorité des Français n’accepterait pas une réintégration dans le système atlantique qui ne paraît pas, jusqu’à ce jour, dans le climat international de détente, requise par nos impératifs de sécurité.
La stratégie que l’auteur définissait comme « néo-gaulliste », et qui consistait à défendre les intérêts nationaux en s’opposant le cas échéant aux Européens aussi bien qu’aux États-Unis, est désormais, selon l’auteur, insuffisante pour cette raison, entre autres, que les circonstances ont contraint les États-Unis et les pays industrialisés, dont nous faisons partie, à rechercher des solutions mondialistes aux problèmes nouveaux posés par l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières, par le désordre monétaire, par l’inflation et la crise économique qui s’étend à l’ensemble du monde occidental. Quant à la troisième voie, « l’Europe européenne », en quoi l’auteur voit un « gaullisme européen », elle suppose de la part de la France une politique active en matière de construction européenne et, de la part de ses partenaires, la prise de conscience progressive des possibilités qu’offre une Europe qui ne serait pas dans tous les domaines un simple prolongement des États-Unis.
Cette analyse conduit l’auteur à recommander une stratégie mixte permettant de retarder le choix entre le « néo-gaullisme » et le « gaullisme européen ». Encore que ses préférences aillent visiblement à la version « européenne » du gaullisme, l’auteur, conscient des difficultés, recommandait que pour faire éventuellement pression sur nos partenaires de la Communauté européenne et pour conserver une politique de rechange au cas où l’entreprise ne déboucherait sur rien de positif, « notre pays, tout en respectant les traités et les accords signés, (trouve) toutes les formes de coopération extra-communautaires qui sont avantageuses pour lui de Tokyo à Washington en passant par Moscou ». En d’autres termes, l’auteur aboutissait à cette conclusion : quelle que soit la stratégie appelée à prévaloir dans les années à venir, il était important que la France conserve sa liberté d’action, puisse parler en son nom propre, affirmer une image de marque qui soit la sienne et développer une coopération tous azimuts. Si l’on partage ses conclusions, il en résulte des conséquences importantes qui font l’objet de la suite de cet article.
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