C’était une entreprise à la fois hardie et difficile que d’écrire, si peu de temps après les événements, une histoire de l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Les auteurs ont pris la question dès ses origines lointaines. Le lecteur regrettera qu’ils l’aient traitée sans diviser leur travail en chapitres qui lui auraient permis de s’orienter dans ce volume très épais et de reprendre souffle au cours de sa lecture. C’est donc dans les péripéties et dans les conséquences de la guerre d’Indochine sur l’état d’esprit des cadres de l’armée que les auteurs voient la naissance d’une attitude qui allait, pendant la guerre d’Algérie, aboutir à une action de rébellion contre l’autorité gouvernementale. Ils entrent dans les détails pour relater la constitution des comités de salut public en Algérie et la participation des militaires à une entreprise inspirée par tant de sentiments divers et souvent contraires. On lira toute l’histoire des toutes dernières années du conflit algérien, dans laquelle apparaît l’OAS, qui naît non sans que les buts et les opinions de ses fondateurs soient différents et divergents. L’organisation a des branches en Espagne, en Algérie et en métropole, et use de procédés qui sont encore dans toutes les mémoires.

Le lecteur lira cet ouvrage d’actualité avec des sentiments qu’il séparera difficilement de ceux qu’il a eus à l’époque, clairement ou confusément ; mais il rendra sans doute hommage, quel que soit son jugement sur le fond, à la façon à la fois simple et précise dont les auteurs ont usé pour rendre intelligible un ensemble d’événements complexes. ♦