Le troisième tome du célèbre roman de Cholokov raconte, à travers les héros du livre, l’effondrement de l’armée impériale russe et sa désagrégation, en même temps que les premières scènes de la Révolution. Les descriptions ne sont pas celles d’un témoin ; on sent qu’elles ont été faites sur documents, et choisies pour faire sentir les principaux aspects de cette période sur le front et à Pétrograd. Nous sommes loin de la puissance d’évocation des tout premiers romans russes ayant la guerre pour thème, et qu’écrivirent d’authentiques combattants.

Cependant, il est impossible de ne pas se laisser prendre à l’intrigue, qui se déroule lentement – rappelons que l’édition française de l’ouvrage comprendra huit volumes – avec une force qui est beaucoup plus sensible que dans le deuxième livre, que nous avions ici jugé sans indulgence. L’intérêt reprend. À la dernière page, les Cosaques débandés sont revenus dans leurs villages, portant en eux les souvenirs mêlés des scènes de combat et de guerre civile, et les sentiments contraires de la traditionnelle fidélité au Tsar et de la difficile mais soudaine infiltration des idées nouvelles. L’intrigue se noue et le drame se précise ; drame des consciences, drame des événements, affrontement du passé qui persiste et de l’avenir qui pointe. ♦