Ni les ans, ni une brusque éruption de dénigrement n’ont amoindri la stature de T.E. Lawrence. Bien au contraire, le relief s’est accusé : la subtilité et la complexité de son caractère, la permanence de son influence sur ses contemporains et sur l’histoire contemporaine, la qualité de son œuvre littéraire.

Aujourd’hui, à la lumière de nos connaissances sur sa naissance et son éducation, sur ses hésitations et ses doutes, sur ses contradictions et ses drames intimes, sur la bizarrerie et l’intensité de ses relations, il est plus que jamais certain que le nom et l’histoire de Lawrence sont destinés à survivre et à grandir.

Lawrence d’Arabie est un récit de sa vie : depuis les débuts dans la « respectability » de North Oxford ; à travers la guerre et toute la passion, le triomphe et l’agonie dans le désert ; à travers sa volontaire et inquiète retraite dans les rangs de la Royal Air Force (RAF), de ses camaraderies militaires et de ses amitiés avec quelques-uns de ses plus illustres contemporains, de sa retraite à Cloud’s Hill (comté de Dorsert, Sud-Ouest de l’Angleterre), de son goût croissant pour la drogue de la vitesse qui devait le tuer ; jusqu’à cette dernière semaine où, brisé et mourant, il reposa dans un lit de l’hôpital militaire de Bovington (Dorset), veillé par ses amis.

Mais l’ouvrage est plus qu’un simple récit d’événements. Avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité, Flora Armitage a sondé sous la surface pour atteindre les sources émotionnelles de la carrière et de la personnalité de Lawrence, les circonstances de sa naissance, ses premières amitiés, la souillure de Deraa [capturé et torturé par les Turcs], les désillusions de l’après-guerre.

Ainsi apparaît la véritable figure de T.E. Lawrence, infiniment plus complète et plus fascinante que celle du seul chef de la révolte arabe de 1917-1918, qui ne fut qu’un épisode de sa vie. « Un des plus lucides, des plus courageux et des plus nobles témoignages de ce XX^e siècle et de son inexorable désarroi », a écrit Roger Stéphane ; « porteur de la douleur de ce monde, notre frère », comme l’a écrit Bertrand d’Astorg.

Le nationalisme arabe se déchaîne, le monde a les yeux fixés sur le Moyen-Orient : cette biographie de Lawrence d’Arabie est l’indispensable complément des Sept piliers de la sagesse. ♦