En Afrique, dès les années 90, les États-Unis ont recours à des compagnies privées pour assurer le soutien des soldats africains des contingents de l’Ecomog ⁽¹⁾ au Liberia en 1992 ; ce sont encore les mêmes compagnies ⁽²⁾ qui assurent la logistique des troupes américaines en Somalie. Les États-Unis ont désormais intégré le continent africain dans leur réflexion stratégique aux ambitions mondiales, et il n’y a pas aujourd’hui une opération ou un programme américain en Afrique sans contractuels, que ce soit au Liberia, en Sierra Leone, au Soudan ou en République démocratique du Congo (RDC).

Au-delà de son explication culturelle et historique, cette particularité américaine répond à une analyse précise et très pragmatique des capacités des forces armées américaines, principal instrument de la puissance hégémonique des États-Unis à travers le monde. La volonté de faire face aux contraintes de « l’offre et de la demande » dans un monde qui évolue, où les États-Unis se doivent d’assumer leur rôle de défenseur des libertés, favorise les compromis — « hors normes » (out of the box) pour un esprit français cartésien — qui apparaissent ici comme des solutions acceptables, notamment dans le climat sécuritaire de l’après 11 septembre 2001.

Afin de mieux appréhender le phénomène dans toutes ses dimensions, il sera intéressant dans un premier temps de voir son évolution au travers des différents champs d’action et d’influence dévolus aux sociétés privées, puis d’analyser les avantages et inconvénients de leur emploi, notamment à l’aune des attendus de l’Administration américaine avant d’en déduire quelques tendances pour l’avenir.