La politique du président Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, aussi bien étrangère qu’intérieure, à partir de la seconde moitié des années 90, suscite une contestation croissante. Le chef de l’État réagit par une gestion de plus en plus autoritaire du pouvoir : arrestations et incarcérations d’opposants, interdiction de partis politiques, organisation de grands procès, annonces de la mise en échec de présumés putschs. Cette dérive amène l’armée, le 3 août 2005, à lui retirer le pouvoir après l’avoir soutenu pendant plus de deux décennies. Un Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) s’est engagé à instaurer un régime démocratique et réformer l’État.
Mauritanie : le renversement de Maaouyia Ould Sid'Ahmed Taya
Mauritania: the overthrow of Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya
The policies of President Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya, both foreign and domestic, met increasing hostility beginning in the latter half of the 1990s. The Head of State’s reaction was an ever more authoritarian regime: arrest and imprisonment of dissidents, banning of political parties, organisation of show-trials, announcement of the foiling of alleged putsches. This led to the Army deposing him on 3 August 2005, having supported him for more than two decades. A Military Committee for Justice and Democracy (CMJD) has undertaken a programme to set up a democratic regime and to reform the State.
Le rapprochement avec les États-Unis et Israël, ainsi qu’une gestion des affaires publiques en faveur des réseaux du chef de l’État suscitent le rejet croissant de la population mauritanienne envers le régime de Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya. Ce dernier mène une politique de plus en plus répressive avec le déroulement, à la fin de l’année 2004, du plus grand procès de l’histoire du pays. Cette dérive autoritaire amène, le 3 août 2005, l’armée à lui retirer le pouvoir. Le Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), présidé par le colonel Ely Ould Mohammed Vall, s’est engagé à achever l’installation d’un régime démocratique pour juin 2007.
Dérive autoritaire
Le régime, contesté pour sa diplomatie et sa gestion des affaires, arrête des responsables de l’opposition radicale, interdit des partis. Il se lance dans une vaste opération de répression des baathistes et des islamistes, au moment de l’expédition militaire des États-Unis en Irak en mars 2003, et se trouve confronté à une tentative de putsch de jeunes officiers.
Le régime et les oppositions
Les relations sont tendues, au début de l’année 1999, entre le régime et le Front des partis d’opposition (FPO) (1), considéré comme l’opposition radicale. Celui-ci critique, parfois avec violence, la situation socio-économique, la gestion du processus démocratique, la conduite des affaires publiques, et les relations diplomatiques avec Israël. Le FPO appelle au boycottage des élections municipales des 29 janvier et 5 février 1999, car le gouvernement refuse de prendre des mesures pour garantir le scrutin. L’opposition modérée est favorable au dialogue pour « rester présents », et « sortir le processus démocratique de l’impasse » (2). Elle décide de participer aux élections, bien que le régime n’accepte pas d’utiliser les résultats du recensement, effectué l’année précédente. Le Parti républicain démocratique et social (PRDS), présidé par le chef de l’État, emporte la quasi-totalité des mairies.
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