Synthèse du séminaire organisé par la Fondation Robert Schuman le 15 mai 2005 à Bruxelles et consacré aux industries de défense en Europe.
Industries de défense, quelles perspectives européennes ?
Defence industry: what outlook for Europe?
A résumé of the seminar organised by the Robert Schuman Foundation on 15 May 2005 in Brussels, and devoted to the European defence industry.
Le 15 mai dernier, au Parlement européen, la Fondation Robert Schuman organisait, sous la présidence d’Alain Lamassoure, un séminaire consacré aux industries de défense en Europe. Nos élus européens manifestent la volonté de s’impliquer dans le suivi de la politique de défense. Le faire à partir des questions économiques et industrielles relève de la compétence de l’Assemblée de Strasbourg. Cette évolution ne manquera pas de trouver des prolongements politiques alors que les questions de sécurité préoccupent de plus en plus les citoyens et que progressent les efforts des gouvernements pour instaurer une véritable politique étrangère et de sécurité commune.
L’évolution de la défense européenne au cours des dernières années apparaît paradoxale. Depuis 1998, les progrès vers la création d’une défense commune sont réels. Ils sont politiques depuis l’accord franco-britannique de Saint-Malo en décembre 1998, et de nombreux Conseils européens leur ont été consacrés. Ils sont conceptuels : définition des missions de Petersberg pour les armées européennes (1992), d’une Stratégie de sécurité pour l’Union européenne (2003). Ils sont institutionnels : nous disposons désormais d’un état-major européen, d’une cellule civilo-militaire et d’une Agence européenne de défense (AED). Ils sont concrets et matériels : définition des Headline Goals, création de Battle groups, d’une force de gendarmerie européenne. Cette évolution est soutenue par les opinions publiques : selon un récent sondage (1), 82 % des Européens estiment qu’une politique européenne commune de défense est essentielle et souhaitable, 85 % trouvent important que l’Europe dispose d’une industrie de la technologie et des équipements de défense performante, 71 % souhaitent qu’en matière de conception et d’achat de technologies et d’équipements de défense les pays européens décident d’une politique commune, et 84 % sont favorables à la création de l’AED.
Ces bonnes nouvelles sont néanmoins tempérées par des facteurs plus négatifs. Les divergences entre États européens sur les questions de défense sont anciennes et durables. La richesse de la diversité européenne nous permet de compter de vrais partisans d’une défense européenne autonome, mais aussi des atlantistes, voire quelques États neutres et qui aimeraient bien le rester ! Par ailleurs, les budgets européens de défense, dispersés, paraissent de plus en plus inadaptés aux nouvelles exigences de l’environnement international. L’absence de consensus entre les États membres sur l’identification claire des menaces qui pèsent sur la sécurité de l’Europe et les moyens à mettre en œuvre pour les contrer, affaiblit la cohérence de la politique actuellement menée au niveau de l’Union européenne. Enfin, le même sondage montre que les opinions publiques sont peu favorables à l’augmentation des budgets de défense (28 %) et qu’une majorité des Européens souhaitent qu’ils restent les mêmes (50 %).
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