L’Inde connaît aujourd’hui une montée en puissance économique remarquée. L’accompagnement par cet État des différentes évolutions économiques et technologiques contemporaines n’échappe en rien à l’œil des observateurs qui y voient un exemple affirmé de puissance émergente. Cependant, le pays n’est pas exempt de contraintes. Plus que tout, les Indiens restent en effet confrontés aujourd’hui à une série de chantiers et de défis internes dont risque de dépendre leur avenir. Les questions hydrauliques envisagées d’un point de vue national ont à ce titre une importance considérable, tant leur mauvaise maîtrise pourrait constituer à terme un frein aux ambitions économiques indiennes.
Entre ambitions régionales et réalités nationales : des freins hydrauliques pour l'Inde ?
Regional ambitions and national realities: India's hydraulic brakes
India is currently experiencing a remarkable upsurge in economic power. Its participation in various economic and technological developments has not escaped the eye of observers, who see in this the classic example of an emerging power. However the country has its problems. Above all, India today faces a series of internal challenges and projects on which its future is likely to depend. Water supply, at the national level, is a question of considerable importance: failure to master it could eventually become a brake on India’s economic ambitions.
Parmi les nombreux défis posés à l’Inde, puissance asiatique émergente, on retrouve la problématique de l’eau. L’or bleu est en effet loin d’être étranger aux préoccupations du gouvernement central indien, puisqu’il participe à la fois de l’équilibre social et de la dynamique économique du pays. Les différents secteurs d’activité sont ainsi tous concernés par un recours massif aux prélèvements hydrauliques, a fortiori dans un pays où la société est aux deux tiers rurale et privilégie une alimentation issue de sa propre production agricole. Or, l’Inde est loin de pouvoir prétendre au confort hydraulique aujourd’hui. La mauvaise répartition des ressources hydrauliques nationales, combinée à des modalités gestionnaires largement perfectibles, poussent ainsi le pays à afficher sa prise de conscience des défis qui lui incombent, et à tenter d’y apporter des solutions optimales. Malgré ces efforts, l’Inde pourra-t-elle asseoir durablement ses ambitions politiques régionales, alors que les problématiques hydrauliques nationales prennent le risque de freiner la marche en avant du pays.
Un déséquilibre frappant
Prises dans leur globalité, les ressources hydrauliques de l’Inde peuvent paraître satisfaisantes. Le bon milliard d’habitants de ce pays bénéficie en effet d’un total hydraulique annuel d’environ 1 900 km3, soit près de 2 000 m3/an/habitant. Toutefois, ce constat statistique ne suffit évidemment en rien à résumer les réalités hydrauliques indiennes, qui répondent, comme pour le reste de la région, à des particularités qui font de l’eau la source de maintes inquiétudes.
La grande disparité des ressources hydrauliques est l’une des contraintes indiennes majeures. Les 19 bassins du pays répondent à des débits inégaux, et ils sont fonction de conditions d’exploitation rarement similaires. Ainsi, les bassins du Brahmapoutre et du Meghna (Nord-Est du pays) puis ceux du Brahmane, du Baitarane, et du Mahanadi (Est), ont incontestablement valeur de châteaux d’eau nationaux, tant leur abondance permet de subvenir aux besoins des régions qu’ils couvrent, que ce soit en termes agricoles, industriels, ou même sociaux. Il en va tout autrement dans le reste du pays. L’essentiel du territoire courant du bassin du Gange aux fleuves du Sud connaît une situation de stress hydrique, qui génère automatiquement des répercussions sur l’autosuffisance alimentaire. Par ailleurs, les pics en termes d’insuffisance hydraulique concernent, en dehors de la province Est du Pennar, les bassins de l’Indus et de la province Ouest.
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