L’occupation de Mogadiscio par l’armée éthiopienne représente une opportunité de réconciliation et de reconstruction, mais le temps presse car les facteurs d’éclatement sont prépondérants. Le simple déploiement d’une force de sécurité et la répétition incantatoire des vertus de la démocratie et de la bonne gouvernance ne peuvent compenser une division séculaire en féodalités financées par le trafic. En revanche, la coopération des clans peut et doit être négociée sur la base d’avantages financiers et d’un partage du pouvoir, afin d’éviter le retour de la crise humanitaire dans l’année et de l’islam militant à l’horizon des deux ans.
Somalie, quelle stratégie pour la communauté internationale ?
Somalia: what strategy should be the international community adopt?
The occupation of Mogadishu by the Ethiopian Army represents an opportunity for reconciliation and reconstruction, but time is short because factors that could cause disintegration are predominant. The simple deployment of a security force and an incantation of the virtues of democracy and good governance cannot compensate for a secular division into fiefdoms, financed by trafficking. On the other hand, the cooperation of the clans can and should be negotiated on the basis of financial advantage and power-sharing, in order to avoid a return to humanitarian crisis within the year, and militant Islam thereafter.
Au printemps 2006, la prise de Mogadiscio (Somalie), par les forces de l’Union des tribunaux islamiques (UTI) avait marqué une nouvelle étape d’une crise devant laquelle la communauté internationale semble impuissante depuis l’échec de l’opération des Nations unies, entre 1992 et 1995. Elle s’est achevée temporairement avec l’occupation de Mogadiscio par les Éthiopiens et l’élimination apparente de l’UTI.
L’échec, pour la première fois depuis le renversement des taliban en 2001, d’un régime s’affichant comme islamiste est une excellente nouvelle à Washington et est de nature à renforcer l’administration américaine dans sa conviction qu’une action en force contre ces extrémistes est possible, sous réserve de choisir avec soin son allié. Elle est aussi et surtout de nature à conforter les chancelleries occidentales dans l’idée qu’aucune médecine ne fonctionne sur cet homme malade, pas même la Charia.
Or, cet échec représente néanmoins une occasion unique de réconciliation nationale et de reconstruction, sous réserve d’appliquer des ressources, mais pas nécessairement plus que pour financer les seigneurs de la guerre ou déployer l’Intergovernmental authority on Development (Igad), et de consacrer le temps nécessaire au rétablissement d’un dialogue inter-clanique. Toutefois, cette démarche impose d’agir vite car les événements les plus récents témoignent du retour en force des anciennes pratiques.
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