Le drone présente de nombreux atouts opérationnels dont le principal est d’offrir au combattant la possibilité de réduire son exposition au feu ennemi. Initialement destiné au renseignement, le drone élargit peu à peu ses capacités à l’ensemble des missions dévolues aux avions habités. Mais ses limites propres, la nécessité de maintenir le combattant au contact de l’adversaire, et son coût de possession permettent d’affirmer que l’homme n’est pas prêt de descendre de l’avion.
Le drone chassera-t-il l'homme de l'avion ?
Will UAVs eject the pilot from his cockpit?
The drone or unmanned aerial vehicle has many operational advantages, the main one being that it can reduce the combatant’s exposure to enemy fire. Initially designed for intelligence gathering, the UAV’s range of missions is gradually widening to include all those of manned aircraft. Yet its limitations, the need to maintain contact with the adversary and its acquisition cost suggest that the airman is not about to quit his cockpit.
« Le grand triomphateur, c’est le plus lourd que l’air, c’est l’avion. Le ballon a aujourd’hui pratiquement disparu, il ne survit qu’à l’état de pacifique sport, presque de poésie. Mais l’avion, lui aussi, disparaîtra comme ont déjà disparu le moteur à explosion et l’hélice, comme disparaîtra à son tour le turboréacteur faisant place à la tuyère, à la fusée. Comme disparaîtra peut-être aussi le pilote ».
Cette « prophétie », énoncée par le général Chambe en introduction à son Histoire de l’aviation (1), ne peut laisser indifférent… Prémonition, avanceront certains. Utopie, répliqueront d’autres. Quoi qu’il en soit, les drones, véhicules aériens inhabités, représentent aujourd’hui une multitude, semble-t-il illimitée, de solutions techniques et opérationnelles aux défis des engagements militaires contemporains, des micro-drones opérant depuis la main du soldat, jusqu’aux imposants Hale (Haute altitude, longue endurance). En viendront-ils pour autant, un jour, à prendre la place de l’aviateur dans l’ensemble de ses missions de combat ?
L’avènement des drones s’est opéré dans un contexte d’évolution des affaires militaires traversé par un paradoxe fondamental : les opérations sont de plus en plus nombreuses, alors que l’investissement tant humain que matériel qu’y consente le pouvoir politique est de plus en plus faible. Le drone semble y répondre avec pertinence : voulu peu coûteux, performant, il prend la place de l’homme dans un nombre croissant de missions. Pour autant, ses limites et la nécessité de préserver la plus grande palette possible de capacités en maîtrisant les coûts militent pour une robotisation progressive et pragmatique. Ainsi, les avions pilotés ont encore de beaux jours devant eux, tandis que les drones resteront sans doute durablement limités aux missions dull, dangerous & dirty (2). Sans prétendre à l’exhaustivité sur une question si complexe, cet article propose des pistes de réflexion en limitant l’analyse de la problématique aux drones opérant au sein de la composante aérienne d’une force ou à son profit.
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