Engagée depuis plusieurs années dans un programme de défense antimissiles de théâtre, la France adopte une posture plus prudente quant à la mise en place d’un système de protection des territoires et des populations de l’Otan. Les projets des Etats-Unis d’implanter des systèmes antibalistiques en Europe centrale sont venus bouleverser la démarche décidée au sommet de Riga. La France devra donc se prononcer sur sa participation à un éventuel programme de l’Otan complémentaire du système américain.
La défense antimissiles
Missile defence
France, which has been involved in a theatre missile defence programme for several years, is taking a cautious approach over the introduction of a system to protect the territory and populations of NATO. US plans to set up anti-ballistic missile systems in Central Europe have disrupted the approach decided at the Riga summit. France will therefore have to decide on whether to participate in any NATO programme to complement the US system.
La défense antimissiles pourrait constituer l’un des enjeux du prochain sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Otan de Bucarest et marquer une étape importante pour les Alliés. Les négociations des États-Unis avec la Pologne et la République tchèque pour l’implantation en Europe de moyens de la Missile Defense ont accéléré les débats.
De la Strategic Defense Initiative à la Missile Defense
Les premières réflexions sur l’antimissiles sont américaines, elles remontent aux années 50. En lançant dès 1984 l’Initiative de défense stratégique (IDS), les États-Unis se sont engagés dans un processus de développement d’un système de défense antimissiles ambitieux. La fin de la guerre froide et la présidence démocrate ont par la suite conduit à un relâchement de l’effort et à l’abandon de nombreux programmes. Pour autant, les Républicains et une partie de l’industrie américaine de défense ont continué à militer en faveur du développement d’un tel système et à en affiner les concepts. Sur le plan politique, les conclusions du rapport Rumsfeld de 1998 ont largement préparé le terrain pour l’abandon du traité ABM et une reprise substantielle des efforts, budgétaires et de R&D, en faveur du bouclier antimissiles.
Avec le retour au pouvoir d’une administration républicaine en 2001, la mise en place d’une défense antimissiles de protection des territoires et des populations est redevenue un enjeu stratégique majeur sous la conjonction de trois principaux facteurs : la volonté résolue des États-Unis, traumatisés par les attentats du 11 septembre 2001, de préserver l’intégrité de leur territoire ; la prolifération des armes de destruction massive (crises coréennes et iranienne…) ; et la montée du terrorisme, bien que son lien avec la menace balistique ne soit pas toujours clairement établi (1).
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article