L’agenda de la politique extérieure de l’Administration Bush concernant l’Amérique latine est caractérisé par une position ambiguë qui se débat entre le partenariat et le distancement : un rapprochement né du désir de rencontrer un partenaire fidèle dans la lutte contre le terrorisme mondial et un fournisseur fiable d’hydrocarbures ; un éloignement produit par l’échec du projet d’une zone de libre-échange au niveau continental et une inquiétude sur l’immigration mise en évidence par l’augmentation des taxes d’immigration pour les Latino-Américains et la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique.
La politique extérieure des États-Unis envers l'Amérique latine
US policy on Latin America during the Bush administration
The Bush administration’s foreign policy agenda for Latin America is ambiguous, both tending to partnership and distancing itself from its southern neighbours. Rapprochement stems from a wish for real partnership in the fight against global terrorism and a dependable supply of hydrocarbon fuels; and distance results from the failure of the plan for a continent-wide free-trade area and concern over immigration seen in the taxation of immigrants and the building of a barrier along the border with Mexico.
Dès les premiers mois de son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2001, George Walker Bush annonce son désir de se rapprocher des pays latino-américains afin de les aider à trouver un nouveau chemin qui les conduira vers le développement et le progrès. Ainsi, déclare-t-il avec enthousiasme l’arrivée du « Nouveau siècle américain » pour tout le continent. Cependant, les pays latino-américains restent sceptiques face à ce discours. Quelques mois plus tard, les promesses nord-américaines sont mises de côté après les attentats du 11 septembre 2001 ; la guerre contre le terrorisme mondial s’engage et l’attention du président américain se concentre sur le Proche et le Moyen-Orient. Le « Nouveau siècle américain » apparaît comme un projet chargé de promouvoir et de renforcer la suprématie des États-Unis sur la scène internationale.
Pendant la deuxième Administration de G. Bush, l’Amérique latine reste ainsi une région d’importance secondaire pour la politique extérieure américaine. Quelques mois avant son départ de la Maison-Blanche, G. Bush entreprend une tournée dans cinq pays latino-américains : le Mexique, le Guatemala, la Colombie, le Brésil et l’Uruguay. Cette visite, plutôt que d’accomplir la promesse manquée de son premier mandat envers le peuple latino-américain, a deux objectifs principaux. Il s’agit d’abord de faire contrepoids à l’influence du président vénézuélien Hugo Chavez dans la région. C’est également l’occasion pour la Maison-Blanche de détourner l’attention des médias sur les difficultés liées au dossier irakien, permettant ainsi de revoir la stratégie américaine au Proche et Moyen-Orient.
Le présent texte fait une analyse des manœuvres de la politique extérieure sous l’ère Bush (2001-2008) envers l’Amérique latine. Nous reviendrons tout d’abord sur la doctrine Monroe, principe directeur de la diplomatie nord-américaine dans l’hémisphère Sud depuis plus de 180 ans. Nous développerons ensuite les quatre axes d’action abordés par l’Administration Bush : la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues, les accords de libre-échange, les ressources énergétiques et l’immigration.
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