En matière de politique étrangère, de sécurité et de défense, l’Union européenne a, jusqu’à présent, été plus souvent spectatrice qu’actrice. Pour acquérir plus de poids dans ce domaine, elle pourrait d’ores et déjà définir un « agenda européen », en précisant les sujets qu’elle juge prioritaires sur la scène internationale : les Balkans, la Russie, la Méditerranée, la mondialisation.
Un agenda européen de politique étrangère
A European foreign policy agenda
When it comes to foreign, security and defence policy, the European Union has up till now more often been a spectator than an actor. To acquire more clout in this area, it could already draw up a ‘European agenda’, setting out its priorities on the international stage: the Balkans, Russia, the Mediterranean and globalisation.
Dans un article précédent (1), nous avons montré quelles sont les innovations institutionnelles apportées par le nouveau traité européen, signé depuis à Lisbonne le 13 décembre 2007. Dans le secteur clef de la politique étrangère, sécurité et défense, le « second pilier » disparaît. La compétence de base reste nationale, les décisions communes continueront d’exiger l’unanimité, mais les États membres s’engagent à une solidarité mutuelle, s’obligent à coordonner systématiquement leurs politiques nationales et à renforcer la base technologique et industrielle de la défense, notamment à travers l’Agence européenne de défense. L’efficacité de cette coordination sera mieux assurée par des institutions nouvelles : un président à temps plein du Conseil européen ; un Haut-Représentant, cumulant les fonctions actuelles de Javier Solana et de la Commissaire aux relations extérieures Benita Ferrero-Waldner, et assisté par un service diplomatique de l’Union ; un Conseil des affaires étrangères, distinct du Conseil affaires générales, convoqué et présidé par le Haut-Représentant.
Cela étant, les outils politiques et juridiques ne valent que ce qu’on en fait. Si le nouveau traité ne devrait entrer en vigueur qu’au printemps 2009, la période de présidence française du second semestre 2008 pourrait être mise à profit pour lancer le débat et pour proposer quelques orientations fortes à mettre en œuvre immédiatement après. Car, après un demi-siècle de construction européenne, nous sommes suffisamment unis pour qu’aucun de nos États ne puisse plus mener une grande action diplomatique autonome, mais pas assez pour agir ensemble et peser significativement sur la scène internationale. Si l’espace est commun, il n’en va pas encore de même de la puissance. Si bien que nous sommes plus souvent spectateurs qu’acteurs, plus volontiers financiers que décideurs, et finalement plus facilement exécutants que maîtres de la manœuvre.
L’Europe pourrait commencer à dire « je », ou plutôt « nous », par une initiative d’apparence modeste, mais qui changerait nos relations avec le reste du monde. Il s’agirait de définir un « agenda européen » : préciser les sujets que nous jugeons prioritaires sur la scène internationale. Alors qu’aujourd’hui l’Union n’intervient, comme l’ONU, qu’en réponse à des crises inattendues ou en réaction à des initiatives américaines : son emploi du temps lui est dicté par Zeus, ou par Washington.
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