La France va-t-elle dévier de la ligne tracée par le général de Gaulle en 1966 ? Elle est le dernier pays de l’Union à pouvoir résister, voire à s’opposer, mais pas par principe : souvent elle représente une alternative. L’intégration dans l’Otan signifie la subordination à une puissance étrangère qui n’a parfois pas du tout les mêmes intérêts que l’Europe. L’UE est une puissance, mais elle manque de volonté, et aussi de confiance en elle-même. Le monde a besoin du pôle qu’elle a vocation à devenir.
L'Europe – et sa PESD – ou l'Otan ?
Europe and its ESDP, or NATO?
Is France going to depart from the position adopted by General de Gaulle in 1996? It is the last country in the Union that is able to resist, even oppose, the US line, but not as a matter of principle: often it represents an alternative view. Full integration into NATO implies subordination to a foreign power whose interests are on occasion not at all the same as Europe’s. The EU is a power, but one that lacks determination and self-confidence. Yet the world needs the pole that it is its vocation to become.
Le 5 février 2003, dix pays européens (1) s’estimèrent tenus de livrer leurs conclusions : « Les États-Unis ont apporté au Conseil de sécurité des Nations unies les preuves indiscutables de la possession par l’Irak de programmes d’armes de destruction massive ». Constituant le Groupe de Vilnius, sept (2) d’entre eux ont accédé en 2004 à l’Otan puis à l’Union européenne.
Cette lettre faisait suite à celle envoyée par huit autres dirigeants européens (3). Ce fut une mascarade grotesque : de cinglants démentis furent produits par la suite, mais il serait vain d’imaginer que l’Administration américaine aille jusqu’à la repentance. Pourtant, ses décisions, et d’abord celles du président des États-Unis, ont plongé une partie de l’humanité dans une violence structurelle et des guerres dont on n’entrevoit pas la fin. « La vieille Europe » peut remercier le ciel d’avoir vu juste : elle n’aura pas à craindre le jugement de l’Histoire.
Que peut-on construire avec des pays — ou leurs dirigeants — qui commettent, sciemment ou pas, de telles erreurs d’appréciation ? La France, qui souhaite réintégrer pleinement l’Otan, serait peut-être bien inspirée si elle faisait preuve de sagesse en ne se précipitant pas dans les bras d’une organisation militaire qui ne jouit d’aucune indépendance à l’égard des États-Unis.
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