Membre du groupe d'étude sur la stratégie chinoise (GESC) de la Fondation pour les études de défense nationale (FEDN), l'auteur nous décrit ici l'évolution du discours tenu par les autorités gouvernementales de Pékin depuis la mort du Grand Timonier, Mao Zedong.
La position chinoise sur le désarmement depuis Mao Zedong
Le problème du désarmement est en réalité celui de l’armement, c’est-à-dire celui de la sécurité de chaque État. L’exemple de la Chine illustre parfaitement cette assertion. Si les intérêts de ce pays, qui reste relativement démuni sur le plan militaire, sont demeurés particulièrement constants en matière de désarmement, son discours dans ce domaine a évolué au gré de sa stratégie extérieure et en fonction du développement de ses armes nucléaires.
Prosoviétique pendant les années cinquante, totalement indépendante pendant la décennie suivante — en particulier après 1964, date de la première expérience atomique chinoise — la position de Pékin sur le désarmement est devenue progressivement moins négative à partir de 1971. Ainsi, une fois entrée à l’ONU la Chine a soutenu à nouveau la création de zones dénucléarisées et pacifiques et a signé en 1973 le traité de Tlatelolco qui établissait dès 1969 une zone dénucléarisée en Amérique latine. Mais elle a continué de déclarer qu’elle n’utiliserait jamais en premier l’arme nucléaire et de préconiser un désarmement sélectif, celui des deux « superpuissances ». De même, elle n’a pas modifié son opposition à l’interdiction des essais et de la prolifération nucléaires et sa condamnation de toutes les négociations stratégiques Est-Ouest (SALT I et II, MBFR, CSCE) qui ne pouvaient d’après elle, qu’accélérer la course aux armements et favoriser une détente qui profitait essentiellement à l’URSS.
Cependant, on peut se demander si en 1978-1979, la démaoïsation du régime, et, en 1981-1982, la réorientation de sa politique étrangère, marquée par la volonté de normaliser ses relations avec Moscou, ont infléchi la position de la Chine sur le désarmement et par conséquent son analyse des grandes négociations Est-Ouest.
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