L'industrie de l'aluminium au Canada
L’aluminium est indispensable à toutes sortes de fabrications d’armement, et en tout premier lieu à l’industrie aéronautique, grâce à ses innombrables alliages, notamment le duralumin et l’alpax : 30 % de la production de l’Aluminium Company of Canada ont été durant le premier semestre de 1951 absorbés par la fabrication de moyens de transport. Or, pour l’aluminium comme pour certaines autres matières premières, la pénurie mondiale est grave. Ainsi, aux États-Unis, la production de 1951 a été de l’ordre de 800.000 tonnes, en augmentation de près de 150.000 tonnes sur celle de 1950 ; malgré cet accroissement, on prévoit qu’elle n’étalera pas la consommation prévue pour 1952 — 1.400.000 tonnes. Même déséquilibre en Europe, où le déficit portait déjà sur 140.000 tonnes en 1950 ; en 1952 les besoins d’armement le porteront au minimum à 206.000 tonnes ; la consommation totale étant estimée à 741.300 tonnes, et la production de métal de première et deuxième fusions à 534.500 tonnes.
Or, c’est en bonne partie à l’industrie canadienne d’aluminium qu’incombe la mission de résorber les déficits européen et américain ; non seulement la puissance actuellement atteinte par la production de l’aluminium au Canada, mais aussi les programmes d’augmentations nouvelles, en cours de réalisation lui permettent d’étaler une part considérable de ce déficit. En 1950 déjà, le Canada a vendu 317.500 tonnes d’aluminium en lingots, notamment à la Grande-Bretagne — 132.800 tonnes —, le principal pays déficitaire en raison de sa faible production — 30.000 — et de la forte consommation pour l’aéronautique, et aux États-Unis — 147.000 tonnes. Les ventes extérieures pour 1951 sont estimées à 400.000 tonnes dont 182.000 tonnes à la Grande-Bretagne et 77.000 tonnes aux États-Unis.
Le Canada est, en effet, le second producteur du monde d’aluminium après les États-Unis — 360.000 tonnes en 1950 soit à peu près le quart du monde — 24,8 %. Ce rôle considérable du Canada dans une industrie essentielle apparaît quelque peu paradoxal à première vue, car la principale des conditions de base n’est pas réalisée au Canada. Si en effet le faible peuplement ne constitue pas un obstacle au développement d’une industrie, qui n’exige pas beaucoup de main-d’œuvre — 11.766 personnes au Canada, au 31 décembre 1949 —, par contre, les matières premières manquent : la cryolithe doit être importée du Groenland (Ivigtut) et le spath-fluor, permettant de fabriquer de la cryolithe synthétique, de Terre-Neuve. Mais surtout le Canada ne possède pas de bauxite à une teneur utilisable. On a signalé en 1950 de la bauxite dans l’Ontario ; elle existe en Colombie près de Stony Creek (teneur en aluminium inférieure à 30 %), et dans la partie occidentale de l’île Vancouver : aucun gisement n’est actuellement exploité. À quoi tient donc, dans ces conditions, la puissance de l’industrie canadienne de l’aluminium ?
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