La restructuration des industries d'armement
La réforme du dispositif de défense de la France a été annoncée par le président de la République le 22 février 1996. Pourquoi une nouvelle politique de défense, une nouvelle politique d’armement ? Vous en connaissez une bonne partie des raisons : le contexte géostratégique a évolué ; cela fait plusieurs années que nous nous référons à l’effondrement du monde soviétique et du pacte de Varsovie et à la disparition progressive de la confrontation Est-Ouest qui se traduisait par un effort financier important (6,5 % du PIB des États-Unis au plus fort des années Reagan, 3,2 % à la même époque en France) ; le rôle central reconnu à l’armement nucléaire ; une forme programmée de conflit de courte durée et de très grande intensité, avec un ennemi connu ; une guerre de supériorité, voire de surenchère technologique puisque depuis la dernière guerre mondiale la course à la technologie s’est développée de manière intensive pour aboutir à la guerre des étoiles, au concept d’AirLand Battle 2000 ; une situation mondiale à peu près stable car les perturbations étaient en quelque sorte bridées par les deux grands blocs ; une position française restant à part du fait de sa possession de l’arme nucléaire, de sa position géostratégique en Europe ainsi que de sa politique quelque peu démarquée par rapport aux deux Grands.
Aujourd’hui la menace de conflit majeur s’est éloignée de nos frontières, le risque d’un conflit mondial en Europe s’est estompé mais s’il n’existe plus vraiment de menaces contre nos intérêts vitaux, il subsiste des risques difficilement prévisibles. De nouveaux types de conflits apparaissent (réveil des conflits ethniques, accentuation du fondamentalisme) et marquent notre actualité depuis quelques années.
Ce constat que nous ne sommes pas les seuls ni les premiers à avoir fait, exige donc que soit définie une nouvelle politique de défense et de sécurité. Est-ce à dire que tout ce qui a été fait auparavant est dépassé ? Je ne le crois pas. En toute logique et par prudence, lorsqu’on est dans une phase de transition de ce type on ne peut pas abandonner totalement ce dont nous disposons car rien ne dit que la menace principale ne réapparaîtra plus jamais. Il est donc hasardeux de penser que tous les armements que nous avons développés pour contrer cette menace ne servent plus à rien et qu’ils ne seront plus jamais utiles. Ce serait un pari extrêmement dangereux. Cependant, comme la diversité des engagements possibles s’est ouverte, il nous faut réfléchir à des systèmes nouveaux, éventuellement les réaliser pour s’adapter à cette nouvelle configuration. Une telle analyse conduit à penser qu’il convient de faire un effort supplémentaire dans le domaine de la défense pour disposer de la panoplie complète des armements nécessaires afin de couvrir tous les scénarios possibles. (La réflexion sur le Livre blanc, entreprise en 1994, n’a pas réduit le nombre des missions des armées, mais l’a, au contraire développé). Cela étant, vous savez très bien qu’il est difficile de défendre une telle thèse lorsque le pays affronte des difficultés économiques et sociales et que la conscience du danger a diminué.
Il reste 63 % de l'article à lire







