Le précédent article de l'auteur sur « les coulisses de la désinformation », publié dans notre livraison de mai 1996, a suscité un courrier abondant. Encouragé par les commentaires de nombreux lecteurs, il poursuit ici l’analyse de ce phénomène en évoquant différents types de manipulation.
Libres propos sur la « manipulation »
L’histoire est particulièrement riche en actions de manipulation qui ont modifié le cours de certains événements politiques et militaires et changé de nombreux paramètres économiques. L’impitoyable guerre psychologique qui accompagne ce phénomène prend souvent des proportions inquiétantes. Dans cet échiquier de la supercherie où seules les répercussions sont visibles, les analystes ne maîtrisent visiblement pas tous les arcanes de cet art de la falsification et de la ruse qui a façonné un monde en trompe-l’œil.
Les grandes manipulations de l’histoire
Les opérations de manipulation ont pour objectif de tromper un adversaire (politique, économique ou militaire) sur des intentions véritables et d’affaiblir sa volonté par des actions de désinformation. Dans cette grande bataille des esprits, de nombreux exemples prouvent que les objectifs recherchés sont souvent de nature stratégique, politique ou financière.
Le but stratégique : l’opération Carlotta
L’intervention militaire des Cubains en Angola pour mettre en place un pouvoir marxiste à Luanda en novembre 1975 constitue l’une des plus grandes falsifications de l’histoire contemporaine. L’opération Carlotta a en effet été présentée par Moscou et La Havane comme une riposte directe à la pénétration des troupes sud-africaines dans l’ancienne colonie portugaise le 23 octobre 1975. Le contingent cubain a débarqué dans la capitale angolaise le 5 novembre 1975, soit effectivement treize jours après le début de l’intervention de l’armée sud-africaine dans le Sud de ce territoire lusophone de l’Afrique australe, alors déchiré par une guerre civile. Or, il est bien évident que la mise sur pied d’une opération d’une telle envergure a nécessité plusieurs semaines de préparation en raison de l’ampleur des moyens logistiques mis en œuvre. De même, le transport par voie maritime de plusieurs milliers de soldats entre La Havane et Luanda n’a pas pu s’effectuer en moins de quinze jours (1). Ainsi, lorsque les forces armées de la république d’Afrique du Sud ont pénétré en Angola, les bâtiments qui transportaient les troupes cubaines étaient déjà dans l’océan Atlantique. Le déclenchement de l’opération Carlotta est donc antérieur à l’expédition sud-africaine. Par ailleurs, des témoignages historiques ont établi par la suite qu’au moment de l’intervention sud-africaine, il y avait deux mille « conseillers » cubains dans la capitale angolaise. Ces soldats précurseurs de Fidel Castro avaient en effet rejoint la nation tourmentée de l’Afrique australe au début de l’année 1975 (l’acheminement des « conseillers » cubains qui ont précédé le contingent militaire de l’opération Carlotta s’est fait en trois vagues successives).
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