Industrie aéronautique et spatiale : mutations et enjeux
En cette ultime décennie du XXe siècle, alors que le monde connaît les multiples soubresauts d’une réelle recomposition des rapports entre les nations, l’industrie aéronautique et spatiale — véritable clé de voûte des technologies de pointe et des politiques de défense — vit d’importantes mutations, tant structurelles que conjoncturelles, dans un triple souci de s’ajuster aux nouvelles donnes de la mondialisation des économies, de préparer la nécessaire adaptation des alliances industrielles et de prendre en compte l’évolution rapide des technologies aussi bien dans le domaine civil que dans celui de la défense.
Pour ce qui la concerne plus particulièrement, l’industrie aéronautique et spatiale française, qui n’a pu se développer que grâce à la détermination ferme et permanente des gouvernements successifs, est restée dans notre pays un secteur considéré comme domaine privilégié de souveraineté nationale. Les nombreux avantages que l’on peut en tirer — grandes retombées technologiques, emplois de haute qualification, niveau de recherche élevé, entrées de devises importantes — permettent de comprendre les raisons de ce soutien décisif.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France sait que, pour retrouver son rang de grande puissance, elle doit s’appuyer sur une base industrielle solide et plus particulièrement sur son industrie aéronautique. Elle bénéficie alors de facteurs favorables, comme une tradition aéronautique très forte et une volonté politique affirmée. Très vite la France reconstitue ses bureaux d’études et ses ateliers de production, devenant pour l’Europe occidentale et continentale le chef de file des grandes réalisations tant civiles que militaires de l’après-guerre. Simultanément, elle développe les technologies des moteurs de fusées et des engins aérobies et ensuite balistiques, point de départ obligatoire de toute l’industrie spatiale. Les années 60 sont, dans la continuité de cet effort, une période particulièrement faste, jalonnée des grandes réalisations civiles — Caravelle, Diamant, Alouette — et militaires — Transall, Mystère, Mirage, Vautour, Puma, Gazelle, Lynx, SSBS et MSBS —, programmes utilisant toutes les ressources des nouvelles technologies mises au point dans les centres d’essais français et assurant à la France, à côté des États-Unis et de l’Union soviétique, une influence mondiale certaine concrétisée par d’importants succès à l’exportation.
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