Politique et diplomatie - L'Angleterre et l'Europe
L’Angleterre va-t-elle enfin être européenne ? Telle est, en ce qui concerne la politique internationale, la question majeure que soulève le triomphe de Tony Blair et du Parti travailliste aux élections britanniques du 1er mai 1997. Tout au long de la campagne, Tony Blair, toujours fidèle à sa ligne : ne pas effrayer les électeurs, tient un langage très prudent, presque aussi négatif que celui des conservateurs. Puis, à peine au pouvoir, il surprend, lançant, en direction de l’Union européenne, plusieurs signaux positifs : promotion de l’indépendance de la Banque d’Angleterre, condition indispensable pour une adhésion éventuelle du Royaume-Uni à la monnaie unique ; reconnaissance, par le nouveau secrétaire au Foreign Office, d’une probable participation britannique à cette monnaie ; ralliement au protocole social du traité de Maastricht ; attitude beaucoup plus ouverte à la conférence intergouvernementale, en particulier sur la politique étrangère et de sécurité commune. Alors, rupture avec le passé, conversion à l’Europe ?
En fait, le Premier ministre travailliste s’est d’abord montré… britannique. Lorsque l’on fait partie d’un club — ce qu’est l’Union européenne —, la pire des attitudes consiste à dire systématiquement non, à bouder. Au contraire, la sagesse consiste à accepter les règles du club. La force de Tony Blair, surtout comme chef d’un parti qui s’est égaré dans les années 70 et 80 dans de redoutables chimères, est de prendre acte des réalités. Lui, l’homme de gauche, n’a-t-il pas pour grand projet avoué le rêve même de Margaret Thatcher : faire de l’Angleterre une nation d’entrepreneurs ?
Alors, qu’en est-il vraiment de l’Angleterre et de l’Europe ? Avec Tony Blair, l’Angleterre accepte-t-elle enfin d’être européenne ? La véritable mutation n’est-elle pas ailleurs : une Europe devenue britannique ?
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