Considérée comme une région à forte croissance, l’Asie orientale vient de traverser une période d’incertitude caractérisée par d’importantes secousses monétaires. Ces turbulences ont amené l'auteur à se livrer à une analyse détaillée des différentes composantes du fameux modèle asiatique. Il reste optimiste quant à l’avenir de cette partie du monde en raison de ses énormes potentialités.
L'heure de l'Asie a-t-elle sonné ?
La tourmente financière qui vient d’ébranler l’Asie orientale a soulevé de nombreuses questions sur la fiabilité du « miracle asiatique ». L’onde de choc a révélé les fragilités d’un système qui a favorisé une croissance trop rapide. Les récentes convulsions ont été prises en compte par les pays de l’Ansea (Association des nations du Sud-Est asiatique, Asean en anglais) qui entendent bien poursuivre leur décollage, mais en maîtrisant mieux certains paramètres monétaires. Le défi reste possible, car la région se trouve dans une zone de développement stimulée par le jeu des grands acteurs économiques (Chine, Singapour, Japon) et le dynamisme d’une diaspora chinoise particulièrement active.
Le séisme monétaire
Le dollar et les devises asiatiques
L’ampleur de la crise a surpris tous les analystes. Le séisme financier a surtout touché les monnaies des pays asiatiques (Thaïlande, Indonésie, Malaysia, Philippines) qui étaient liées au dollar. Stimulées par leurs incontestables succès économiques qui se sont traduits par des taux de croissance élevés pendant les quinze dernières années, la plupart des nations du Sud-Est asiatique ont été submergées de capitaux étrangers. Cet afflux d’argent incontrôlé s’est révélé potentiellement dangereux en raison de la parité qui était artificiellement maintenue entre la devise américaine et les monnaies locales. Ces fonds non maîtrisés ont fait gonfler « la bulle spéculative ». Les banques ont financé des projets de grande envergure, mais dans certains secteurs, en particulier celui de l’immobilier, l’offre est devenue nettement supérieure à la demande. Les institutions financières ont ainsi été confrontées à des créances irrécouvrables. En outre, devant la progression du billet vert au début de l’année 1997, le baht thaïlandais, la roupie indonésienne, le ringgit malais et le peso philippin se sont retrouvés largement surévalués.
Le séisme monétaire a d’abord atteint la Thaïlande où, pendant plusieurs mois, la Banque centrale de Bangkok a tenté de défendre la devise de plus en plus attaquée par les spéculateurs : en rachetant massivement des bahts, le royaume thaïlandais a provoqué un assèchement des liquidités sur son marché intérieur. Pris de panique, le gouvernement central a alors décidé, le 2 juillet 1997, de laisser flotter la monnaie, mettant fin à plus de dix ans de stabilité de son taux de change. Les investisseurs étrangers ont alors compris que l’ancrage du dollar à certaines devises asiatiques n’était plus immuable. Emportés par le vertige de la dévaluation, ils ont voulu récupérer au plus vite leurs actifs. Les déséquilibres financiers ont alors ébranlé l’Indonésie, la Malaysia et les Philippines. Entre le 2 juillet et le 31 décembre 1997, le baht a ainsi perdu plus de 40 % de sa valeur, la roupie indonésienne 30 %, le ringgit malais près de 25 % et le peso philippin plus de 20 %.
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