Algérie, la transition au prix de la tragédie
La situation tragique qui prévaut en Algérie est propice à toutes les conjectures émanant de personnes animées d’intentions diverses. Le fait que certains posent la question « qui tue ? » est le signe de la confusion que veulent introduire dans les esprits ceux-là mêmes qui la formulent. Par ailleurs, on ne peut que constater les capacités médiocres de communication des responsables algériens. Quant à leurs représentations à l’étranger, elles sont inexistantes lorsqu’il s’agit d’informer, d’expliquer, d’analyser.
Les vraies questions sont relatives à la nature des troubles, à celle du régime, à sa capacité à traiter les problèmes du pays, aux rapports de force entre les acteurs de la vie politique, à la signification de l’« islamisme », aux chances de retour au calme.
Quelle est la nature des troubles en Algérie ?
Les médias occidentaux et des « spécialistes » affirment qu’il s’agit d’une « guerre civile ». L’exemple même de la guerre civile correspond à ce qui s’est passé au Liban à partir de 1975 et pendant une quinzaine d’années : la société libanaise a implosé et s’est fragmentée ; les Libanais ne s’identifiaient plus à leur pays, mais à un clan plus qu’à une religion, car on se faisait la guerre entre chrétiens, entre chrétiens et musulmans, entre musulmans, entre Palestiniens, etc. ; chaque clan était fortement armé, avait ses milices et contrôlait une parcelle du territoire libanais ; l’État n’existait plus que par la fiction d’un « président de la République » élu d’abord sous la pression des chars israéliens, ensuite sous l’emprise des Syriens ; les ingérences extérieures étaient devenues une composante des conflits interlibanais, le dehors et le dedans se mêlant et s’emmêlant dans un écheveau inextricable. Dans cette configuration il n’y a ni État — l’« État » est une faction parmi d’autres — ni nation, ni pouvoir légitime, ni souveraineté. C’est le chaos.
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