L'auteur nous incite vivement à redéfinir une politique de défense qui tienne compte de la situation mondiale actuelle.
Penser la défense autrement !
Le Livre blanc sur la défense de 1994 apportait un semblant de cohérence dans la réorganisation de notre politique militaire. En fixant le cap après la tempête des années 1990-1992, il se révélait utile comme exercice de sortie de crise. La transformation et l’élargissement de l’Otan étaient loin d’être acquis. La Russie présentait des symptômes inquiétants et l’on ne discernait pas encore la nature des besoins militaires de l’après-guerre froide. Dès lors que la situation internationale a pris des aspects mieux définis, il convient aujourd’hui de poursuivre l’ajustement de notre posture de défense à une phase moins troublée des relations internationales.
Des politiques, des militaires et des experts appellent de leurs vœux un tel aggiornamento. C’est ainsi, par exemple, que le rapporteur spécial du budget de la défense à l’Assemblée nationale, Jean-Michel Boucheron, considérait récemment que le Livre blanc de 1994 ne correspondait plus à la réalité géopolitique. Si rien n’est fait pour le mettre à jour, on peut craindre qu’il ne ressemble bientôt à l’un de ces règlements militaires dont le maréchal Foch disait qu’ils n’étaient plus que « des guide-ânes qui favorisent la paresse d’esprit ».
Confrontés au même impératif d’ajustement de leur appareil militaire, Américains et Britanniques n’ont, eux, pas hésité. Depuis la guerre du Golfe, les États-Unis ont procédé à quatre réexamens de leur posture militaire, diminué de 40 % leur budget de la défense, réduit de 700 000 hommes les effectifs des forces armées. De leur côté, les Britanniques achèveront, ce printemps, le second exercice de réévaluation de leur posture de défense depuis 1991. On peut craindre malheureusement que la France ne suive pas ces exemples, alors que plusieurs « chantiers » devraient être ouverts sans plus attendre. Il s’agit d’aller au-delà de la « revue des programmes », sans aucun doute nécessaire, lancée, l’été dernier, par le ministre de la Défense, M. Alain Richard.
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