Quelles stratégies pour l'avenir ?
Comme vient de le souligner le président Pierre Messmer dans son allocution inaugurale, trente-sept ans de décolonisation de l’Afrique au sud du Sahara permettent aujourd’hui de dresser un bilan de cette aventure et d’en tirer les leçons.
Est-il besoin de rappeler que, dans les années 60, les empires coloniaux et la plupart des pays dépendants accédèrent à l’indépendance ? Dès lors, une phase de transformations profondes que l’on a appelée le processus de décolonisation s’établit dans le monde. Les grandes puissances, les pays riches et technologiquement avancés prirent conscience brusquement de la grande misère et des carences qui menaçaient les nouveaux États, et entreprirent une vaste opération d’assistance à l’échelle planétaire. Elles élaborèrent des doctrines et des stratégies nouvelles dans les domaines financier, technologique et politique qui devaient bouleverser profondément la fin du XXe siècle. À vrai dire, cette révolution avait commencé dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dès 1946, la France avait créé le Fonds d’investissement pour le développement économique et social de ses territoires d’outre-mer (Fides). En 1947, le Conseil économique et social des Nations unies rassemblait à Lake Success une commission d’assistance aux régions insuffisamment développées. En janvier 1949, le président Truman des États-Unis présentait, devant le Congrès, les objectifs d’une nouvelle politique étrangère américaine qui prit le nom de Point IV. En Angleterre, les ministres des Affaires étrangères du Commonwealth, réunis en septembre 1950, mirent en route le plan de Colombo.
La croisade en faveur du Tiers-Monde était donc déjà esquissée et fut en grande partie responsable de l’explosion politique des indépendances. Dès lors, les plus grandes voix du monde se firent entendre à l’unisson : celles des Nations unies, de la France, de l’Angleterre, des États-Unis et même celles des grands empires communistes de l’Union soviétique et de la Chine qui voulaient promouvoir leur idéologie vis-à-vis du monde capitaliste et libéral. On peut y ajouter la voix de l’Allemagne renaissante et celle du pape Paul VI, qui publia en mars 1967 l’encyclique Populorum progresso.
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