Après nous avoir exposé, dans notre livraison de janvier 1998, les tenants et aboutissants de la révolte du Chiapas, l'auteur, spécialiste de l’Amérique latine, nous brosse ici un tableau général des violences dans ce continent : leurs causes, les événements principaux, les acteurs, les probabilités de durée ou d’arrêt. L'article s’achève sur des paroles d’espoir.
Violences en Amérique Latine
La Violencia est le nom de la tuerie à laquelle se sont livrés, en 1948, libéraux et conservateurs de Colombie. Cette lutte sans merci a coûté 300 000 morts. L’expression bogotazo (le coup de Bogotá) est restée dans le langage courant. Du Rio Grande à la Terre de Feu, l’Amérique latine, dans son sens le plus large, comprend le Mexique, l’Amérique centrale, la Caraïbe et l’Amérique du Sud. Dans cet ensemble qui étale les latitudes, les violences n’ont jamais cessé d’exister. Pourquoi ces phénomènes de brutalité ? Contre qui se développent-ils ? Sont-ils amenés à se dissiper ou à se fortifier ? Quelques réflexions sur ce thème nous permettront, sans doute, de nous approcher d’une certaine vérité.
L’ébranlement des structures
Laissant de côté dirigeants autoritaires et caudillos à la retraite, les hommes politiques de l’Amérique latine ont pris le chemin de la démocratie. Que d’espoirs se sont cachés sous ce vocable mythique ! En vérité, ils sont peu nombreux les pays où les citoyens ont exercé leur pleine souveraineté. Quels exemples donner ? Le Costa Rica, sûrement. Le Venezuela, peut-être à l’époque où était jouée l’alternance entre un parti démocrate-chrétien et un parti social-démocrate. Depuis les malversations de l’ex-président Carlos Andrès Pérez et le coup d’État militaire du lieutenant-colonel Hugo Chavez, il n’en est plus question. La corruption, ce mal des temps modernes, s’infiltre partout et notamment dans les allées du pouvoir. Le président Samper de Colombie aurait touché au fruit défendu pour préparer son élection présidentielle. Quant aux présidents Fujimori du Pérou et Ramiro du Guatemala, ils ont tenté, il y a quelques années, de monter un coup de force pour donner plus de vigueur à l’exécutif. De là à affirmer que des logiques mafieuses imprègnent cette corruption, il n’y a pas loin. Des situations cocasses se présentent même, comme celle de Caracas. À quelques mois de l’élection présidentielle, deux personnages insolites se présentent en marge des candidats classiques : l’ex-miss Univers Irène Saez et l’ancien colonel putschiste Hugo Chavez.
La défaillance des économies a été souvent rapportée. Malgré une croissance encourageante due aux aides des intistutions spécialisées (FMI, Banque mondiale) et malgré le bon fonctionnement des regroupements régionaux (Alena, Mercosur), les inégalités croissent de plus en plus. Dans le domaine social, les mécontents sont nombreux : les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Logement, éducation, santé, sont les trois thèmes majeurs que répètent les responsables sociaux. Notons que ce furent les trois sujets révolutionnaires adoptés par Fidel Castro lors de son triomphe en 1959.
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article







