Parmi les livres - L'Europe médiane en question
À la division classique de la guerre froide : Europe de l’Ouest-Europe de l’Est, la dernière décennie du XXe siècle a ajouté, si l’on peut dire, une troisième Europe : « l’Europe médiane ». Cette réalité géopolitique est très généralement reconnue. Cependant, ni sa définition, ni ses limites, ni ses caractéristiques ne font l’unanimité parmi les différents auteurs, même si à peu près tous constatent et analysent le poids prépondérant de l’Allemagne réunifiée dans cette région. Une série d’ouvrages permettent de faire le point des problèmes de cette région quelque huit ans après les bouleversements qu’elle a connus en 1989-1990.
Comment définir l’Europe médiane ?
Avant la Grande Guerre, la réalité d’une « Europe centrale » ne soulevait guère de contestation : ne désignait-on pas les empires d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie de « puissances centrales » ? À la suite des traités de paix de 1919-1920, les États situés entre l’Allemagne et l’URSS — nouveaux pour la plupart — furent considérés tout naturellement comme faisant partie de l’Europe centrale. Cette façon de voir les choses ne reflétait pas uniquement les préoccupations des géopoliticiens allemands, ceux-ci parlant d’ailleurs de Mitteleuropa — l’Europe du milieu — et non de Zentraleuropa (Europe centrale). Le célèbre géographe français Emmanuel de Martonne, conseiller de Clemenceau à la Conférence de la paix, avait publié un volume Europe centrale dans la Géographie universelle lancée par son beau-père Vidal de La Blache. Entre les deux guerres, hormis cette Europe centrale dilatée vers l’Est et une Europe méditerranéenne, on ne distinguait guère de grands ensembles au sein du continent européen, l’URSS étant considérée tout à fait à part.
La guerre froide vit apparaître, pendant les années 50, les notions d’Europe occidentale et d’Europe orientale, reléguant le terme d’Europe centrale, très connoté « entre-deux-guerres », et le rôle dominant de l’Allemagne dans un passé révolu. Cette dichotomie tranchée ne fut pas au goût de tous, notamment de nombre d’auteurs « d’Europe centrale » désireux de se démarquer du grand frère soviétique et de revendiquer leur appartenance à l’Europe. Ce sont bien évidemment les événements de 1989-1990 qui ont reposé clairement la question de la définition des espaces européens ; question pas seulement théorique puisque s’y attachait, en partie, la détermination de pays ayant vocation à rejoindre l’Union européenne. La question préalable est posée : Europe centrale et Europe médiane sont-elles synonymes ?
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