Asie - Corée du Sud : alternance politique en plein effondrement économique
Au mois de mai 1997, nous avions annoncé une fin de mandat difficile pour le président Kim Young-sam et la possibilité pour son parti, le Parti de la nouvelle Corée (PNC), de perdre l’élection présidentielle du 18 décembre 1997 (1). Ces derniers mois, les difficultés du PNC n’ont fait que s’aggraver et, pour finir, en fin d’année, la Corée est entrée dans la plus grave crise économique jamais rencontrée par le pays. C’est dans ce climat que Kim Dae-jung, après cinquante ans de lutte dans l’opposition, a accédé à la fonction suprême, alors que le Parlement reste dominé par le PNC. Cependant, pour faire face à la terrible situation économique, toutes les formations ont décidé de collaborer pour éviter l’effondrement total du pays.
Les six mois qui ont précédé l’élection présidentielle ont été riches en événements. Le 21 juillet, le PNC choisit l’ancien président de la Cour suprême Lee Hoi-chang comme candidat. Par sa personnalité, il était supposé présenter l’image d’un homme intègre et, le 5 août, le président Kim Young-sam procéda au 24e remaniement ministériel depuis sa prise de fonctions en 1993, changeant la moitié de son cabinet de 22 membres. Le 20 août, le très populaire maire de Séoul, ancien gouverneur de la Banque centrale et ancien ministre Cho Soon, annonçait qu’il se présenterait à l’élection présidentielle sous l’étiquette du Parti démocratique, petit parti d’opposition. Le nouveau « Monsieur Propre » du PNC a rapidement été poursuivi par une « affaire » quand la presse révéla que ses deux fils avaient échappé au service militaire. Dans un pays sur le pied de guerre depuis cinquante ans, l’affaire prit des proportions énormes et le fit chuter vertigineusement dans les sondages. C’est alors que, le 13 septembre, Rhee In-je, ancien gouverneur de la province de Kyonggi, annonça qu’il se présenterait à l’élection en raison de l’impopularité de Lee Hoi-chang.
La principale menace pour le candidat du PNC restait cependant Kim Dae-jung, le chef de l’opposition de gauche, qui après cinquante ans de militantisme et bien des années de prison ou de mise en résidence surveillée, se présentait pour la quatrième fois à la magistrature suprême. Pour l’abattre, le 7 octobre, Lee annonça posséder la preuve que Kim Dae-jung avait obtenu 73 millions de dollars illégalement et que cet argent était camouflé dans 365 comptes bancaires de complaisance. Kim en tête des sondages pour l’élection présidentielle avec 30 % des intentions de vote, dénonça une manœuvre politicienne. La justice sembla le suivre en décidant de n’examiner le cas qu’après l’élection. La menace, pour le PNC se fit encore plus précise lorsque, le 3 novembre, les deux principaux partis d’opposition, le Congrès pour une nouvelle politique de Kim Dae-jung (NCNP) et l’Union des démocrates libéraux (ULD), parti du général conservateur Kim Jong-pil, grand vainqueur de l’élection d’avril 1996, passant de 21 à 50 députés, firent cause commune en signant un accord de gouvernement en cas de victoire de Kim Dae-jung, qui devint leur candidat commun pour l’élection du 18 décembre. Au Parlement, ils totalisent 123 des 299 députés. Le jour même, Kim Hyun-chul, le second fils du président de la République, condamné à trois ans de prison pour corruption, était libéré sous caution pendant la durée de son appel. Le lendemain, Rhee In-je, l’ancien candidat malheureux à la désignation du PNC, fondait son propre parti, le Nouveau parti du peuple (NPP) et, le 7 novembre, le président Kim Young-sam, sous la pression de Lee Hoi-chang annonçait qu’il quittait le PNC dont il restait président d’honneur, les « affaires » auxquelles étaient mêlés nombre de ses proches étant considérées comme pouvant nuire au candidat du parti. L’ancien maire de Séoul, Cho Soon, se retira alors de la course et apporta à Lee Hoi-chang le soutien du Parti démocratique qui fusionna avec le PNC pour donner naissance au Grand parti national.
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