Institutions internationales - Des marchandages transatlantiques incohérents - Sous le scintillement de la bannière étoilée
Depuis que la politique se restreint, aux yeux de l’opinion, à un jeu de scrutins, nous avons coutume de considérer l’économie comme une science, laquelle serait appelée, comme l’énonce Marx, à dicter ses lois à nos sociétés. Or, l’économie reste fille de la politique, car elle est censée convier les familles au banquet d’une vie prospère. De ce fait, elle n’est aucunement une science, mais un système de valeurs qu’on ne peut raisonnablement dissocier de son ancrage politique et social. Les règles économiques, les démarches économiques ne sont jamais neutres : elles sont artificielles dans la mesure où elles résultent d’une vision du monde et d’intentions fortement affirmées dans un contexte donné.
Ces remarques ont pu être vérifiées à propos de cet accord multilatéral sur l’investissement, l’AMI, que nous avons analysé dans notre dernière chronique. Voici qu’après l’OCDE la Commission de Bruxelles nous engage dans un marchandage assez imprévu avec les États-Unis, et eux seuls, que la presse désigne par le sigle NTM (New Transatlantic Market). Certes, il vaut mieux s’entendre que se déchirer. S’entendre à quelles conditions ? Dans l’esprit des commissaires européens, il est évident que le développement reste synonyme de commerce international sans que soient prises en compte les conditions dans lesquelles il s’exerce. L’OMC juge de la même manière, mais on peut le comprendre étant donné son rôle propre.
Le développement tel qu’il est conçu aujourd’hui exige de plus en plus de capitaux et des marchés toujours plus étendus. Or, la crise asiatique a subitement rétréci le marché solvable, d’où l’ardeur des États-Unis à obtenir de nouveaux débouchés. Ils paraissent avoir l’oreille de la Commission de Bruxelles et le président Clinton s’applique en Afrique à instaurer un « partenariat » avec un prêche moralisant qui masque une voracité économique jamais assouvie. Les quakers ont-ils jamais lu la Logique de Port-Royal ? Ils y auraient trouvé cette assertion qui leur sert de conduite : « La vérité et l’utilité ne sont pour nous qu’une même chose » (IIIe partie, ch. 19). Il est vrai que Zbigniew Brzezinski est encore plus abrupt : il ne s’embarrasse pas de la notion de vérité et à ses yeux « le problème central de l’Amérique est de bâtir une Europe viable, liée aux États-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique » (Le grand échiquier).
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